Pont sur le Saguenay : Les élus invités à faire pression

Maintenant que le rapport de la vérificatrice générale du Québec sur les défauts de conception du traversier NM. F.-A.-Gauthier a été dévoilé cette semaine, le président-fondateur de la Société du pont sur le Saguenay, Pierre Breton, estime urgent que le gouvernement rende public le rapport sur l’explosion des coûts de construction des deux nouveaux traversiers de Tadoussac.

M. Breton lance la balle aux maires et aux députés de la Côte-Nord,  de Charlevoix, et de la Capitale nationale, les trois principales régions concernées par l’épineux dossier d’un pont sur le Saguenay, à l’embouchure de Tadoussac, vieux depuis des décennies.

« Il faut interpeller les députés et élus pour obtenir ce rapport de la vérificatrice générale du Québec. C’est impératif à la lumière de ce que nous apprenons sur la gestion de la construction du F.A Gauthier. »

C’est que le rapport de la firme d’experts indépendants en construction navale Fisher Maritime Consultants Inc des États-Unis avait été sans pitié.
Un document dévastateur qui relatait, entre autres, de nombreuses erreurs de conception des navires. « On y a découvert suffisamment de problématiques pour recommander que ces bateaux soient envoyés aux rebuts, de les vendre pour l’acier », mentionne M. Breton. 

« La vérificatrice générale prendra certainement connaissance du rapport  de la firme d’experts indépendants en construction navale Fisher Maritime Consultants Inc des États-Unis pour rédiger son propre rapport qui sera ensuite remis au gouvernement, qui, lui, le rendra public »

On parle notamment d’un dépassement de coût de l’ordre de 250 à 300 millions de dollars pour ces deux traversiers construits à la Davie sur la Rive-Sud de Québec.

Comme bien d’autres Québécois, Pierre Breton croit que ce rapport attendu de la vérificatrice générale « payé à même les impôts des Québécois » doit être rendu public.

« Les citoyens utilisateurs de la 138 sont en droit d’être informés sur les traversiers qu’ils utilisent régulièrement, surtout après les bris répétés, la collision avec le quai etc. », ajoute celui qui est aujourd’hui un administrateur de la Société du pont sur le Saguenay ayant cédé la présidence à Marc Gilbert.

Demandé en 2017

Devant le rapport si accablant de la firme américaine, l’ancien ministre des Transports, Laurent Lessard, avait demandé une enquête en 2017. 

« Près de 4 ans plus tard, pas de nouvelle », s’interroge M.Breton.
Il pousse davantage ses interrogations: « Le dossier est-il sous la pile ou sur les tablettes? La vérificatrice générale travaille-t-elle toujours sur ce rapport? Et si oui, quand sera-t-il dévoilé? Ou qui cache ce rapport essentiel ? Et pourquoi?. »

Pierre Breton est encore plus cinglant envers la Davie. 
« Politiquement, après avoir investi des centaines de millions dans la construction et considérant les liens très étroits voire peut-être parfois incestueux entre le politique et la Davie , les gouvernements ont choisi de cacher ce rapport et d’en demander un à une firme de comptables qui a dit :continuez. »

Le plus grand questionnement de Pierre Breton est la rapidité avec laquelle la vérificatrice générale du Québec a rédigé son rapport sur le NM. F.-A.-Gauthier demandé par le gouvernement actuel en 2019.

« Expliquez-moi comment la vérificatrice générale est parvenue à compléter son enquête en un peu plus d’un an sur un bateau construit chez Fincantieri en Italie alors que la même vérificatrice générale n’a toujours rien dévoilé sur une enquête demandée en 2017 par le ministre Lessard sur la Davie Shipbuilding située à une dizaine de kilomètres du parlement. Les politiciens et fonctionnaires n’ont qu’à prendre le traversier ou le pont et ils sont rendus à Lévis pour poser leurs questions. »

Aucune urgence

« Où sont allés les quelque 250 à 300 millions de dollars d’extras sur les traversiers et les installations terrestres? Quelles raisons ont justifié cette décision de remplacer des traversiers existants?, sont d’autres questions pour lesquelles Pierre Breton souhaite obtenir des réponses, sans détour.
D’ailleurs, il déplore la décision de la Société des traversiers du Québec (STQ) d’avoir fait construire deux nouveaux navires, dont la durée de vie prévoyait encore 15 ans de navigation avec une moyenne annuelle de 1,2 million de passagers. 

« La différence est énorme avec le F-A Gauthier qui lui, devait absolument remplacer le Camille-Marcoux. À Tadoussac, il n’y avait aucune urgence. »
M. Breton se dit aussi inquiet par le fait « que les gens à la STQ qui ont travaillé sur le F-A Gauthier, dont on découvre des ratés, sont les mêmes qui ont travaillé sur les deux nouveaux traversiers de Tadoussac. De quoi pour demeurer vigilant », lance-t-il.

« Pendant ce temps, nous sommes forcés de naviguer sur ces traversiers mal construits à Tadoussac. La sécurité des citoyens ne doit elle pas passer avant les contrats de la Davie », a conclu M. Breton.

Rappelons que la vérificatrice générale du Québec a remarqué des manquements sur la gestion de la conception et la construction du NM. F.-A.-Gauthier.

Elle a souligné que la STQ avait négligé de se prévaloir de ses droits de recours pour 54 défauts de construction jugés non corrigibles par le constructeur.

La vérificatrice générale dit également avoir constaté que la STQ n’avait pas réussi à s’adjoindre les ressources nécessaires et manquait de compétence pour mener à bien la construction du navire le plus imposant et innovant de sa flotte.

La STQ dit accepter les conclusions de la vérificatrice générale du Québec, dont la mission est de favoriser le contrôle parlementaire sur les fonds et autres biens publics.