
Certains électeurs les décrient parce qu’ils les considèrent trop polluantes, d’autres les vandalisent à coups de graffitis et pourtant, élection après élection, les partis politiques sortent leurs affiches et en tapissent nos villes et nos villages. Mais, pourquoi poursuivre ces campagnes d’affichage alors qu’une partie de la population se plait à détester ces images dont on meuble leur paysage? Arsenal média s’est posé la même question que vous.
Claude Fortin, Initiative de journalisme local, MaCotenord.com
La première raison pour laquelle les formations politiques installent des affiches avec la bouille souriante de leur candidat, celle de leur chef, le nom et le logo du parti, c’est que c’est un moyen de communication qui ne coûte presque rien, explique Stéphane Mailhiot, président de la firme de communication Havas, de Montréal. Pour les candidats, notamment les moins connus, « il y a l’occasion de créer de la notoriété sur leur nom », analyse le publicitaire.
Les affiches électorales constituent en fait, la première partie de la stratégie de communication des partis qui mènent campagne, explique Thierry Chiasson, professeur de science politique à l’Université Laval. « Une campagne électorale, c’est une campagne de pub.», rappelle le professeur Giasson. Et comme en publicité, une des idées consiste à se faire voir. « La raison première pour laquelle on fait de l’affichage, c’est pour occuper l’espace.», ajoute monsieur Giasson.
Or, plus le candidat occupe d’espace, plus il se fait voir, et plus ses chances de s’installer dans l’esprit des électeurs augmente, exactement comme n’importe quel autre produit, nous dit Stéphane Mailhiot. « Y a une affaire qui est sûre, en marketing, c’est qu’on a plus tendance à opter pour des options qui nous semblent familières. »
L’originalité et l’audace peuvent également payer, estime Stéphane Mailhiot qui rappelle la campagne de la mairesse actuelle de Montréal, Valérie Plante, en 2017. Madame Plante se présentait comme « l’homme de la situation » sur ses affiches à l’époque. Cette audace l’a servie, croit le publicitaire. « Ceci avait contribué à niveler un peu son désavantage de notoriété par rapport à un Coderre qui avait été sur la scène politique depuis des décennies. »
Selon le spécialiste de la communication politique, Thierry Giasson, la qualité de la campagne de communications que mèneront les différents partis d’ici le 20 septembre pourrait être déterminante pour l’issu du scrutin. Si une majorité d’électeurs ont déjà su pour qui ils voteraient, dès le déclenchement de la campagne, ils seraient de moins en moins nombreux dans cette situation. « Ceci a déjà représenté près de 60% des électeurs, là on est plutôt autour de 40-50% des électeurs qui dès le déclenchement des élections, savent pour qui ils vont voter et ne changeront pas d’opinion », observe le politologue.