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Le Conseil de bande de Pessamit demande l’ouverture d’une enquête sur une possible histoire de profilage racial à la suite d’une arrestation musclée de deux Innus par la Sûreté du Québec.
Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local, Macôtenord.com
Deux Innus de 57 et 58 ans disent avoir été victimes de racismes de la part de deux agents de la Sûreté du Québec. Les événements sont survenus samedi alors que les deux Montagnais se rendaient tout bonnement à leur camp de chasse ayant entendu dire qu’il y avait de la coupe forestière sur leur terrain situé sur le Nitassinan, un territoire ancestral revendiqué.
Soudainement, une auto-patrouille aurait bloqué la route au véhicule alors qu’une deuxième voiture de la SQ empêchait la voiture des Innus de reculer, et ce, sur un chemin forestier, au nord de Baie-Comeau.
«C’est par le haut-parleur de la voiture de la SQ que les Innus ont été sommés de sortir de leur véhicule et de mettre les mains en l’air avant de les déposer sur le capot du véhicule. Ils ont été traités comme de vrais criminels. Inacceptable», mentionne Jérôme Bacon St-Onge, le conseiller responsable de répondre aux médias dans cette histoire soupçonnée d’être «un cas flagrant de profilage racial.»
Aux dires de M. Bacon St-Onge, une fois sorties de leur véhicule, les autochtones auraient été pointés alors que les policiers avaient dégainé leurs armes à feu et leur pistolet à impulsion électrique, mieux connu sous le nom de taser gun, obligeant les individus à s’agenouiller au sol pour leur passer les menottes aux poignets.
Menacés, les Innus auraient obtempéré sans broncher, le temps que les agents fouillent au complet leur véhicule. N’ayant rien trouvé de suspect, les quinquagénaires auraient été relâchés sur-le-champ, mais non sans «avoir eu la frousse de leur vie.»
Ancien policier pendant 12 ans, Jérôme Bacon St-Onge ne mâche pas ses mots pour dire que les policiers ont abusé de leur pouvoir. «Comme ancien policier, je n’ai jamais eu à sortir mon arme de service pour une intervention de routine.» poursuit-il.
C’est que la SQ aurait répondu que plusieurs voitures de police se trouvaient dans le secteur à la recherche de cambrioleurs à la suite d’une vague de vols dans des véhicules.
Toujours selon le conseiller, les deux Innus racontent avoir assisté à d’autres arrestations après avoir été relâchés par les agents. Le comportement des patrouilleurs aurait été, selon leur version des faits, bien différent «jamais que les policiers n’ont sorti leurs armes pour les intercepter et leur poser des questions. Pourquoi? Parce que c’était des non-autochtones?»
De plus, Jérôme Bacon St-Onge assure que les agents auraient pu agir autrement pour faire leur travail. «Les policiers pouvaient vérifier à qui ils avaient affaire avec la plaque d’immatriculation. Ils auraient constaté que la voiture était conforme, que le permis du conducteur était valide et que les deux hommes sont sans histoire, sans dossier judiciaire. Au lieu de ça, on leur a pointé une arme à feu chargée à bloc. Ça n’en restera pas là. On n’attendra pas qu’il y ait mort d’homme pour bouger.»
«Dans la foulée du racisme systémique nié par le gouvernement du Québec et avec le dossier de Joyce Echaquan, les relations des Premières Nations avec les autorités sont déjà fragiles, on doit obtenir réponse à nos questions. La SQ a signifié qu’elle collaborera à l’enquête. C’est une bonne nouvelle.» souligne-t-il.
Mercredi matin, le porte-parole de la SQ pour la Côte-Nord, le sergent Hugues Beaulieu a mentionné qu’un «suivi était en cours par le bureau des enquêtes indépendantes.»