Baleines échouées sur nos plages : comment l’expliquer ?

La carcasse de l'animal qui s'est échoué dimanche 23 octobre 2022 dans la Baie de Sept-Îles (Photo Facebook Jacques Gélineau)

Chaque année, plusieurs carcasses de baleines s’échouent sur les plages de la Côte-Nord. L’écologiste navigateur Jacques Gélineau nous donne ses observations quant à ce phénomène. 

Le mammifère marin qui s’est échoué hier à Sept-Îles relance la question de la cause de la mort de plusieurs animaux chaque année. Parfois plus d’une dizaine par an. Pour Mr Gélineau, le nombre de baleines qui sont retrouvées mortes est bien supérieur à ce qui pourrait relever du simple phénomène naturel. 

Trouver des carcasses occasionnellement serait normal mais ce n’est pas le cas – Jacques Gélineau
Le navigateur Jacques Gélineau (Photo Benjamin Ducornait)

Une baleine s’échoue souvent après avoir subi des dommages qui l’empêche de plonger et donc de se nourrir. Affaiblie et amaigrie, elle se laisse dériver par le courant jusqu’à échouer sur une plage. Cela peut aussi arriver si le système de guidage de l’animal est endommagé.

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Les causes naturelles 

Une baleine peut mourir de vieillesse ou de maladie. Le plus souvent, c’est son système auditif défaillant qui conduit à sa mort car une baleine en a besoin pour s’orienter et communiquer. 

Et l’activité humaine ?

Plusieurs activités humaines sont néfastes pour les mammifères marins, que ce soit le transport maritime, les forages pétroliers en mer ou encore les exercices militaires. 

Une baleine peut notamment être victime d’accident de décompression, comme un être humain qui pratique de la plongée. Pour les mammifères marins, ces accidents sont souvent causés par les sonars militaires très puissants qui peuvent affecter grandement un animal, jusqu’à le tuer. 

Les arrêts de décompression des baleines sont perturbés par les sonars militaires – Jacques Gélineau

Une étude menée par une université espagnole venait d’ailleurs confirmer en 2019, le lien entre les échouages de baleines et les exercices militaires en mer. Les scientifiques avaient étudié le cas des baleines à bec, comme celle qui a été retrouvée à Sept-Îles car ce sont les reines de la plongée. 

« Ce sont les baleines les plus énigmatiques. Elles sont très rares à observer à l’intérieur de nos eaux car elles viennent respirer quelques secondes avant de plonger jusqu’à 3000 mètres de profondeur », confirme Jacques Gélineau. 

Les baleines à becs sont rarement observées dans nos eaux – Jacques Gélineau

Une nécropsie pour le savoir

Dans le cas de l’animal retrouvé en fin de semaine, seule une nécropsie pourrait confirmer les causes exactes de la mort de la baleine à bec. 

C’est également en étudiant son régime dentaire qu’on sera en mesure de savoir exactement  l’espèce de la baleine au triste sort. Pour l’instant, les spécialistes hésitent entre une baleine à bec de True ou à bec de Gervais, les deux étant très rares dans nos eaux.

Entrevue complète avec le navigateur écologiste Jacques Gélineau