
La Septîlienne Joannie Dion a eu un parcours de vie très difficile. Problèmes familiaux, de consommation, abus à caractère sexuel et physique, bref un méchant cocktail qui ont fait d’elle une femme forte, mais elle est sur le point de mettre son rêve de côté, car l’industrie de la pêche est un milieu très difficile pour les femmes.
Joannie a été élevée par une mère schizophrène qui consommait des drogues très dures. Dès son jeune âge, elle et ses sœurs sont déménagées à Sept-Îles chez leur mamie. C’est elle qui les a élevées et Joannie lui en doit beaucoup.
Joannie est consciente de son lourd passé, de ses comportements qui ont pu déranger, et la consommation excessive qui s’en est suivie. Elle sait que ceci a pu affecter son image, et contribuer à ses difficultés de se trouver un emploi dans le domaine qui l’a littéralement sauvée, la pêcherie.
Avec le temps, suite aux épreuves qu’elle a vécues, Joannie a appris à ne pas se laisser abattre malgré les embûches. Par contre, elle se désole de la place des femmes dans ce milieu, et du manque de respect envers ce qu’elles peuvent apporter. Elle fait énormément d’anxiété, et la pêche est pour elle, sa bouée, son besoin de liberté et de respirer.
« La pêche, c’est ma vie. J’en ai vécu des histoires de sexisme dans mon métier, et là, ils sont en train de m’avoir », se désole la dame, qui est déménagée en Gaspésie pour le travail.
Joannie a dû quitter son Sept-Îles d’amour afin de pouvoir pratiquer son métier. Elle s’est promenée énormément et a fait plusieurs types de pêche, dont le crabe, le hareng, le homard et le pétoncle. Des histoires de manque de respect à son égard, elle en avait plusieurs à raconter, mais son but n’est pas là. Elle pense plutôt à toutes ces femmes qui se battent depuis des années pour se faire respecter et considérer, et elle veut continuer pour elles.
« J’en ai levé des cages, j’en ai levé des pannes, mais j’ai tout de même vécu beaucoup de sexisme. Dans la pêche, je vois ma rémission, et je n’abandonnerai pas. », partage la pêcheuse avec émotion.
Malheureusement, Joannie se sent un peu découragée actuellement. Elle doit mettre du pain sur la table pour ses deux petites filles, Océane et Angella, mais elle a de la difficulté à se trouver un emploi. Elle travaillait pour les bateaux des Premières Nations, mais ceux-ci se doivent de prioriser les autochtones, et elle le comprend.
Garder le cap
Joannie en est à terminer son cours pour devenir capitaine de bateau, et continue de rêver pouvoir exercer son métier, mais à titre de capitaine de sa propre embarcation de pêche au homard. Elle est passionnée du milieu, et fait également partie d’une organisation de sauvetage des mammifères marins.
« J’aime la pêche mais je trouve qu’il n’y a tellement pas de progrès, je pense m’en aller chauffer des remorques sur l’eau, en attendant de pouvoir partir mon entreprise. », se désole-t-elle.
Elle veut le faire pour les autres femmes, parce qu’elle sait qu’elles en sont capables et les encourage à se tenir debout, mais aussi pour atteindre ses buts. Depuis qu’elle est une maman, elle a énormément cheminé, parce qu’elle veut être là pour elles, mais aussi être un modèle féminin positif pour ses deux petites filles.
« Je veux vraiment que les femmes s’en sortent, c’est important pour moi. J’ai vécu de la violence grave, j’ai eu des gros problèmes, mais elles ne doivent jamais lâcher. », conclue Joannie.