Comme pour la morue en 1993, va-t-on fermer la pêche à la crevette?

Les pêcheurs de crevette de la Côte-Nord sont très inquiets. La situation de la crevette en 2019 ressemble à celle du début de la crise de la morue, constate le Septilien Serge Langelier, qui œuvre dans les pêcheries depuis plusieurs décennies.

«Est-ce qu’on a eu des quotas politiques cette année?», questionne Serge Langelier aujourd’hui gestionnaire des pêches pour sept communautés innues avec l’Agence AMIK.

«Quotas politiques»

Lorsqu’il parle de «quotas politiques» pour la crevette 2019, il fait référence à la révision de la décision du Ministère des Pêches et des Océans (MPO) d’annuler les baisses de quotas de crevette, en pleine année électorale.

Serge Langelier a été témoins des ravages du moratoire dans les pêches au poisson de fond dans la région. Selon lui, le déclin pour la crevette est prévisible depuis un certain temps pour les quatre bancs du Saint-Laurent, soit l’estuaire, Sept-Îles, Anticosti et la Basse-Côte-Nord.

Les rendements de la pêche depuis l’ouverture le 1er avril sont moyens. Le pêcheur de crevette de Sept-Îles, Jean-Pierre Elements, voit la situation aller de mal en pire depuis trois ans. Il remet en question les dates de la pêche, qui s’effectue en partie pendant la période de ponte.

Sébaste en cause

Pêcherie Uapan capture de la crevette, du crabe et du homard. Son directeur, Yan Tremblay, croit que le retour en abondance du sébaste devrait devenir la priorité numéro Un de l’industrie de la pêche au Québec.

«Il faut gérer la prédation, pas seulement la pêche», affirme-t-il. Yan Tremblay juge qu’il manque nettement de concertation autour de l’avenir de la crevette nordique.

Yan Tremblay, directeur Pêcherie Uapan

Le biologiste responsable des rapports de stock de crevette au Ministère des Pêches et des Océans, Hugo Bordage, avoue que le déclin, particulièrement au large de Sept-Îles, est perceptible depuis 10 ans par l’absence de jeunes crevettes.

Hugo Bordage, biologiste Pêches et Océans Canada

Il travaille à documenter davantage trois facteurs expliquant le déclin de la crevette, dont le réchauffement de l’eau et la prédation par le sébaste.