Le chanteur innu Keven Chouinard en a ras-le-bol des spectacles virtuels qui ne rapportent rien ou presque. Dorénavant, ce sera silence radio. Une responsable: la COVID-19.
Stéphane Tremblay
Désabusé du showbiz, Keven abandonne, lui qui a lancé son 2e album en septembre: Chacun son chacun. »Ne me demandez plus de nouvel album, c’est terminé. Ne me demandez plus de jouer gratuitement, c’est terminé. Ne me demandez plus de venir chez-vous pour gratter ma guitare et faire tripper votre famille, c’est terminé, » lance Keven Chouinard, au bout du fil, visiblement en colère.
L’auteur-compositeur et interprète de 40 ans est déçu de la population et de ses fans aussi qui se comptent par dizaine de milliers sur le web.
»Les gens me déçoivent. Pourquoi, je continuerais de donner encore et encore quand en retour on ne me donne rien », ajoute-t-il sur un ton ferme.
Il ajoute avec véhémence: »Là faire plaisir aux gens, ça signifie faire faillite. Quand tu demandes de l’aide ou ose parler d’argent avec des gens qui te réclame, ils se poussent ou font les aveugles. Assez de me faire rire de moi, », lance-t-il, larme à l’œil.
Et dire que Keven Chouinard était pourtant sur une lancée. Son dernier succès intitulé: M’as- tu oublié se retrouve à la 50e place des chansons francophones les plus écoutées de toutes les stations de radio au Canada.
2 dons
La goutte du découragement qui a fait déborder le vase est survenue avant Noël. A l’instar des autres artistes québécois, Keven a présenté un numéro via Facebook, le 23 décembre, pandémie oblige. Lui qui a décidé il y a 4 ans avec la naissance de son bébé, Jazz, que la musique serait dorénavant son gagne-pain. Le coronavirus a basculé son destin.
Craignant de décevoir ses fans, il a décidé le 23 décembre de présenter ses chansons des deux albums et des covers gratuitement, alors qu’au départ il voulait »charger » 20$, le prix moyen des prestations sur le web des artistes québécois confinés dans leurs maisons depuis le 12 mars dernier, date du déclenchement de la crise sanitaire jamais connue dans l’histoire du Québec.
»J’avais décidé d’y aller avec des dons volontaires. J’en ai reçu deux. Juste deux alors que nous étions 260 sur le live, 1900 commentaires et 330 partages. C’est terminé, on ferme les livres », s’exclame-t-il en ajoutant quelques gros mots de l’Église.
Frustré, ce père de trois enfants ne mâche pas ses mots et accuse le coronavirus d’être responsable de son éventuel déchéance et peut-être un retour à la rue, lui qui a connu une enfance si troublante (mettre un hyperlien pour le 1er texte https://macotenord.com/un-nouvel-album-apres-la-misere-noire-pour-keven-chouinard/ ) que Hollywood pourrait en faire un film; une dramatique qui ferait beaucoup réfléchir sur les épreuves de la vie.
»La COVID m’a assez frappé cette année que j’ai perdu le plaisir de faire plaisir. »
D’autres bâtons dans les roues
En octobre, macotenord.com relatait toutes les difficultés que Keven avait pour son lancement montrant du doigt Postes Canada avec des mesures draconiennes.
Il avait alors accusé le gouvernement de François Legault d’anéantir sa carrière avec les consignes imposées par les caquistes.
»Les gens ont peur d’attraper le virus même sur une carte de carton, il y a des limites à virer fou », avait-il mentionné après avoir parcouru le Québec, porter en main propre, son nouvel album, encore tout chaud.
Le constat avait été déplorable puisque plus de la moitié des personnes qui disaient depuis des mois vouloir un album ne voulaient plus le recevoir, »peur que je leur donne le virus. »
Keven avait ainsi décidé d’envoyer les clés USB renfermant les 2 albums ou encore un cd par la poste, mais là encore, la responsable de Postes Canada avait refusé ses envois massifs prétextant le trop grand risque de propagation du virus.
Se disant victime de ces dommages collatéraux de la pandémie, Kevin s’était rendu au bureau chef de Postes Canada pour leur faire comprendre que »sans ses envois, je ne vendrai pas d’album et sans album, je ne parviendrai pas à mettre du beurre sur mon pain, ni sur celui de mes enfants. »
Les fans refusent
La décision de lancer la serviette n’a pas plu à ses admirateurs sur Facebook. Nombreux ont voulu l’encourager.
»Je suis derrière toi et avec toi. Pour donner l’exemple, le monde doit savoir que 4 x 25 cents ça fait 1$ qui peut grimper facilement à 300$ avec 300 donneurs. Forcez-vous, il faut soutenir nos artistes québécois », écrit Maxime Vallée.
»C est triste Keven et je comprends ta déception, car je vie également la même chose de façon différente, que ce soit pour la conjointe, les enfants, la famille, les amis proches ou simplement une connaissance pour le travail, les gens sont devenus tellement individualistes qu’ils n’ont aucun problème à recevoir mais quand arrive le temps pour donner, là c’est différent », de commenter Gigi Simard.
»Lâche pas même si je conviens que ce n’est pas évident, il faut rester fort », mentionne Frank Champigny.
Keven Chouinard assure qu’il aimera toujours ses fans, mais il dit que lui aussi est important et qu’il doit prendre soin de lui, mentalement et physiquement…du moins pour l’instant.
Ce chanteur, pop, rock, folk avec une touche country est autodidacte. Il est responsable de tous les aspects de sa carrière. Les chansons empreintes d’émotion qui transpirent sa misère noire dans ses deux albums sont disponibles sur kevenchouinard.ca ou encore sur différentes plateformes de musique.