Crabe : des observateurs évoquent un prix payé au quai à 2 $ la livre

À l’aube de la saison de pêche au crabe, les prix versés aux pêcheurs pourraient être aussi bas que 2 $ la livre au début de la saison.

Collaboration spéciale de Nelson Sergerie, Magaspesie.ca

C’est le prix plancher évoqué par un observateur de longue date du secteur des pêches alors que la braquette pourrait se situer entre 2 $ et 3,50 $ la livre.

L’an dernier, le prix payé au début de la saison était de 7,50 $, un prix qui s’est stabilisé autour de 6 $ par la suite.

Autant les industriels et que les crabiers ne veulent se mouiller sur cette donnée, évoquant simplement des qualificatifs de « rumeurs et spéculations » à une semaine du début de la saison pour la zone 17, prévue le 27 mars.

La date pour la zone 12 n’est pas encore connue, mais le lancement pourrait se faire au début d’avril si les havres de pêche du Nouveau-Brunswick sont déglacés.

Les pêcheurs qui ont les reins les plus solides pourraient rentabiliser tout de même une pêche en obtenant 3 $ la livre, mais ceux qui ont une dette plus importante pourraient avoir un peu plus de difficultés. Un observateur note qu’il leur pourrait être assez facile de repousser les échéanciers financiers, compte tenu du contexte actuel.

C’est que des inventaires de 2022 et même 2021 se trouvent encore dans les entrepôts.

De surcroît, le quota de captures pourrait augmenter de 12 % pour la zone 12, ce qui reste à être confirmé par la ministre de Pêches et Océans, Joyce Murray.

L’ensemble de ces éléments font dire au vice-président de E.Gagnon et Fils, Bill Sheehan, un des plus importants transformateurs de crabe en Gaspésie, que la saison 2023 se fera dans un contexte différent de l’an dernier.

« On sort du show de Boston dans un contexte bien différent de l’an dernier. L’inflation, l’économie, la guerre en Ukraine. Pas besoin d’en dire plus. On fait face à d’autres défis. On en a vu d’autres. On n’aura pas le choix de s’ajuster », exprime M. Sheehan.

Il rappelle que l’an dernier, à Boston, les acheteurs n’ont pas donné la véritable heure juste sur les inventaires.

« Le marché local devrait revenir avec des prix plus abordables pour le consommateur. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’industrie. Reste à voir pour les États-Unis et le Japon. Au Japon, la Russie, avec l’embargo aux États-Unis, s’est retournée vers le marché japonais. Ils vendent de bons volumes pas trop chers au Japon présentement », analyse M. Sheehan qui espère tout de même que son regard sur le marché soit erroné.

« On s’attend à traverser une bonne tempête, mais les choses peuvent se replacer », dit-il, faisant référence au début de la pandémie où personne ne s’attendait à un bon marché avec la suspension des croisières et les fermetures de restaurants.

« Avec un peu de recul, sans être une année record (2020), ça a été quand même une bonne année pour le secteur en général », évoque le dirigeant.

Si la projection de hausse de 12 % des quotas se confirme pour la zone 12, le total des captures atteindrait quelque 31 900 tonnes.