Des os d’animaux abandonnés en bordure d’une route du Nord-du-Québec soulèvent des questions

Un ramassis d’os d’animaux abandonnés sur le bord d’une route au Nord-du-Québec choque des Innus.

Par Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local, Ma Côte-Nord.com

Ce sont des photos, prises par un Nord-Côtier de passage dans le Nord-du-Québec et publiées sur le web, qui soulève l’indignation de certains autochtones. 

Plusieurs milliers d’os, des têtes et des pattes en passant par les autres parties du corps vraisemblablement de caribous. Des os étalés dans un champ en bordure d’une route, à moins de deux kilomètres du village inuit d’Inukjuak, à 900 km de Fermont.  

« J’ai posé des questions et on m’a dit que c’était un rituel inuit de laisser les os comme ça. Les renards et les ours ne viendraient pas au village de cette façon », mentionne le travailleur de la construction qui a pris les photos préférant garder l’anonymat. 

Mais voilà que l’Association des Inuits précise «nous n’avons jamais rien vu de tel auparavant. Cela ne fait pas partie de nos traditions en tant qu’Inuit. Ce n’est pas un rituel inuit. Vous avez reçu des informations erronées», a-t-on répondu par courriel sans vouloir accorder d’entrevue formelle. 

Un Innu de Sept-Îles, prénommé Carl et comptant de nombreuses années de chasse, est catégorique: « C’est un acte de braconnage et non un rituel. »

Un grand sage (comme le surnomme ses pairs) Daniel Gabriel de Schefferville en ajoute: « C’est un grand manque de respect de l’animal. Et le respect pour nous, c’est sacré. »

Ce chasseur de 59 ans explique ce que font les Innus avec les os de caribous.

Après avoir mis en morceaux les os du caribou, (broyer les os avec un pilon), on y ajoute de l’eau et on fait cuire pour faire un bouillon d’os. Finalement, on mélange la graisse et les morceaux de moelle pour couper en rondelles et en faire un mets traditionnel. 

« Par la suite, les os seront mis dans un sac et attachés à un arbre et le panache se trouve de l’autre côté de l’arbre afin de permettre à une nouvelle famille innue qui arrive sur les lieux de refaire bouillir les os et ainsi reprendre la graisse qui a été laissée par les autres. »

« Il y a toujours de quoi de bon sur un animal », assure Jean, un chasseur innu de Sept-Îles.   

« Nos ancêtres, nous ont toujours dit de respecter l’animal et que nous ne manquerons jamais de nourriture pour nos familles », renchérit M. Gabriel. 

Macotenord.com a envoyé au ministère de la Faune, des Forêts et des Parcs les photos qui semblent démontrer un acte de braconnage commis dans ce village nordique du Nunavik dénombrant quelque 2000 Inuits. Le ministère dit devoir analyser le dossier avant de pouvoir accorder une entrevue.