La députée Marilène Gill dénonce la difficulté de travailler en français pour les fonctionnaires

Marilène Gill et Yves-François Blanchet

La députée du Bloc Québécois de Manicouagan, Marilène Gill trouve incompréhensible que près de la moitié des fonctionnaires fédéraux francophones ressentent un malaise à s’exprimer en français dans le cadre de leur travail.

Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local, Macôtenord.com

« Parler français ne devrait jamais nous nuire au travail comme ailleurs. C’est ça le Canada » clame la députée.

« Il ne faut surtout pas hésiter à parler français si nous sommes francophones, et ce, même si notre superviseur est anglophone. Le Canada est un pays bilingue », lance-t-elle.

Marilène Gill, ex-enseignante, déplore que le bilinguisme semble être un beau mot sans plus parfois.

« Ce n’est pas normal que dans le secteur de Gatineau les commerçants et même les résidents m’adressent la parole en anglais en premier », déplore la femme politique.

La députée de la Chambre des communes à Ottawa pourrait donner de nombreux autres exemples où sa langue première est un obstacle. Elle assure parler en connaissance de cause, elle qui doit composer avec cette réalité au quotidien, surtout depuis la pandémie.

En effet, le télétravail complique les conversations pour celle qui siège sur le Comité des pêches du gouvernement fédéral. « Nous perdons de précieuses minutes chaque fois que je veux prendre la parole parce que nous devons installer des équipements pour la traduction du français à l’anglais. Sur un droit de parole de 6 minutes, il ne m’en reste que 4 parfois en raison de troubles informatiques. Le Bloc travaille pour régler cette problématique. »

Du même souffle, elle souligne que dans un Québec indépendant, ça n’arriverait pas.

« Affranchissons-nous de ce pays bilingue conçu pour nous marginaliser. Donnons-nous un pays qui embrasse et valorise notre unicité. »

Le sondage a été mené par le Commissariat aux langues officielles auprès de 10 828 fonctionnaires de cinq régions où l’on parle la langue de Shakespeare et celle de Molière.

Les chiffres révèlent que 44% des fonctionnaires francophones, toutes régions confondues, sont mal à l’aise d’utiliser leur langue maternelle auprès de leurs collègues de la fonction publique fédérale.

Du côté des répondants anglophones, 61% des personnes sondées qui seraient en mesure de parler français disent préférer ne pas le faire de peur d’être jugé ou corrigé pour leur accent, leurs erreurs grammaticales ou la faiblesse de leur vocabulaire.

« L’explication la plus fréquente est que cela serait un inconvénient pour des collègues ou des superviseurs qui pourraient ne pas être à l’aise dans la langue, ou que cela allait les déranger ou causerait du trouble », peut-on lire dans le rapport de recherche publié récemment.

« Le droit de travailler en français au sein de la fonction publique fédérale est non négociable et nous devons veiller à ce que l’utilisation des langues officielles soit maintenue dans les lieux de travail fédéraux », a commenté le bureau du président du Conseil du Trésor et responsable de la fonction publique, Jean-Yves Duclos.

Pour sa part, le gouvernement de Justin Trudeau a promis d’analyser le rapport et d’y assurer un suivi.