
Alors que le Québec nage dans l’incertitude de la deuxième vague de la COVID-19, un entrepreneur nord-côtier a décidé de dire tout haut ce que bien d’autres pensent tout bas à l’effet que la présente pandémie historique risque d’être plus «meurtrière» indirectement que directement.
Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local, MaCôte-Nord.com
Copropriétaire de l’entreprise GC de Baie-Comeau, spécialisée dans des travaux d’élagage, Kevin Grenier a décidé d’extérioriser ses inquiétudes, sa souffrance, sa réalité. « Depuis six mois, sept personnes de mon entourage se sont suicidées. Personne n’en parle de ces effets dévastateurs de la pandémie », lance celui qui a partagé son post sur sa page Facebook.
Parmi ses amis, hommes et femmes, qui ont décidé d’en finir avec la vie, trois étaient des entrepreneurs qui se dirigeaient vers une faillite certaine, deux étaient depuis des mois sans contrat étant des musiciens, et deux autres se sont retrouvés soudainement sans emploi alors qu’ils gagnaient de bons salaires pour faire vivre et gâter leurs enfants. « La COVID fait mal… beaucoup plus mentalement que physiquement. »
L’homme de 30 ans renchérit en précisant ne pas connaître une seule personne de son entourage qui a contracté le virus, pas une seule personne qui en est morte directement. «Faux, un vieil homme, le père d’un ami, qui était en fin de vie alors qu’il ne lui restait que trois mois à vivre, est mort de la COVID.»
Ce grand colosse au cœur tendre admet avoir lui-même demandé de l’aide. « Nous sommes tous tannés et nous sommes tous affectés mentalement. J’ai moi-même voulu rencontrer un psychologue, mais aucun n’était disponible. J’en ai donc parlé à une travailleuse sociale, car j’avais besoin de parler, juste parler ça m’a fait un bien énorme. »
Kevin Grenier, connu notamment pour avoir mis sur pied une collecte qui a été un franc succès pour aider les plus démunis au début de la crise sanitaire, assure ne pas être un anti-masque, encore moins un complotiste.
« Je ne suis pas nécessairement un anti-masque, mais les précautions mises de l’avant par le gouvernement commencent à faire beaucoup plus de mal que de bien. Des gens en bonne santé se suicident pour sauver des gens à la santé fragile, âgés ou malades. On se dirige vers un désastre où la population est déchirée en deux », se questionne sérieusement le Baie-Comois.
Un ami pompier y est allé d’une déclaration accablante sur Facebook: « On en décroche minimum quatre par semaine dans ces temps-ci. »
Son amie Stéphanie Roy a aussi réagi au post. « Depuis la pandémie, je vois beaucoup plus de cas de dépression, de désorganisation, du mal de l’amour, je trouve ça tellement triste. Le mal à l’âme est présent. »
Les faits viennent tristement appuyer ces affirmations. En effet, le dernier rapport du Centre de prévention du suicide de la Côte-Nord stipule une dangereuse augmentation de plus de 28% des interventions depuis le début de la présente crise sanitaire.
« Malheureusement, la santé mentale d’une grande partie de la population est mise à l’épreuve pour sauver de 1 à 3 % de cette même population. C’est aberrant ! Après ça, je me fais dire que je suis conspirationniste. Ce n’est pas que je trouve les mesures utilisées disproportionnées, mais je trouve que ces mesures entraînent plus de mal que de bien », ajoute une autre amie.
« Quand le remède est plus dangereux et néfaste que la maladie», écrit pour sa part, son amie Milène Bérubé
Kevin Grenier est père de famille de jeunes enfants. Il a également remarqué avec désolation une hausse vertigineuse des cas de violence conjugale. « La femme et l’homme sont toujours ensemble. Les enfants constamment à la maison. La pression du manque d’argent monte et pouf!, le monsieur explose. Plate, mais vrai. »
Une affirmation corroborée par la coordonnatrice de la Maison des femmes de Baie-Comeau, Hélène Millier.
« Il y a effectivement plus de cas de violence conjugale, les policiers nous le mentionnent, sauf nous sommes un peu moins occupés qu’à l’habitude. »
Mais comment expliquer cette situation qui à priori semble contradictoire.
« Les femmes victimes seraient elles craintives de vivre en communauté par peur d’attraper le virus? Nous devons trouver réponse à cette question. Nous rencontrons justement la police cette semaine pour essayer de comprendre, car les femmes ne doivent surtout pas hésiter de demander notre aide, nous sommes là pour elles », assure Mme Millier.