La tragédie du lac Cacaoui et le premier livre de la Septilienne Sonia Poirier portés au grand écran?

Née d’une terrible tragédie, l’histoire de rêve de l’auteure septilienne Sonia Poirier se poursuit. Son premier livre, La dernière vague de notre histoire, pourrait être porté au grand écran.

Par Stéphane Tremblay 

Le réalisateur Daniel Morneau de la compagnie Doublelight productions est venu à Sept-Iles il y a deux semaines rencontrer Sonia Poirier. 

« Même si le projet est au stade embryonnaire, nous avons élaboré des esquisses et des synopsis. Je suis persuadée que le livre donnerait un bon film d’un cas vécu » s’est exclamée l’écrivaine, jointe au téléphone par macotenord.com.

Un film qui relaterait le drame du 8 septembre 2018, date où la chaloupe dans laquelle elle prenait place avec des proches partis à la pêche, a chaviré,  le bateau s’est retrouvé droit debout, propulsé par une grosse vague qui a surgi sournoisement du lac Cacaoui, au nord de Port-Cartier. 

Une journée glaciale qui a bouleversé à tout jamais la vie de Sonia Poirier. Une journée miraculeuse où elle a survécu, avec  sa fille Félicia Simard, 13 ans, et l’amie de celle-ci, Claudia Bergeron, 12 ans. Une journée funeste marquée par la mort de son mari, Bruno Simard, qui a sombré sous ses yeux, impuissante, allourdi par ses bottes de pêche qui se sont rapidement remplies d’eau. Tiré vers le fond, l’homme de 41 ans l’a regardé, triste, sans dire un mot. Un regard d’adieu qui semblait vouloir dire: « Sonia, je t’aime. Occupe toi de nos filles. »

L’oeuvre litteraire adaptée au cinéma apporterait son lot d’emotion faisant revivre de douloureux souvenirs à la femme de 47 ans. Ces images profondément gravées en sa mémoire  de son beau-frère, Lucas Simard, 38 ans qui après s’être agrippé, in extremis, à une veste de flottaison, tombée à l’eau, devenue une bouée, n’a pu survivre, probablement mort d’hypothermie. 

« Nous avons nagé ensemble pendant une heure environ. Soudainement, il s’est mis à tenir des propos décousus. Je l’ai frappé au visage en lui disant qu’il ne pouvait pas me laisser seule, pas dans une telle situation. Il est mort dans mes bras » livre celle qui a été contrainte d’abandonner le corps, disparu avec le courant, pour conserver son peu d’énergie afin de secourir les deux adolescentes paniquées.

Les jeunes filles ont dû prendre en main leur destin. Vêtues de leur gilet de sauvetage, elles ont nagé à la dérive, hantées par la peur de ne pas survivre. Le chien, un golden retriver du nom de Simba, tentait aussi d’atteindre le rivage, dans sa gueule la casquette de son défunt maître, Bruno. 

À bout de souffle, la mère, sa fille et son amie aperçoivent une île déserte, après trois heures d’angoisse à nager en désespoir. 

Exténuées, les trois survivantes devront encore être courageuses rendues sur l’île. Elles passeront la nuit au froid, près du point de congélation, sans feux, n’ayant pas été en mesure d’en allumer un avec des roches.

« Nous nous sommes collées pour garder la chaleur sur un lit de branches de sapins. Nous nous sommes blotties ensemble  par dessus la tête. Aujourd’ hui, je suis incapable de rester dans une pièce fermée. En voiture, je garde une fenêtre ouverte sinon je panique », confie-t-elle. 

Les trois naufragées ont été secourues le lendemain. Simba aussi a été retrouvé sain et sauf.

Entrevue avec l’auteure Sonia Poirier

Traduit en anglais 

Si l’idée du film en est à sa première ébauche, le livre, lui, est sur une lancée. Sorti en novembre 2019 à Sept-Îles, il sera traduit dans la langue de Sheakspear.

Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, le dit livre est rendu à sa troisième impression.

« Je suis très contente de savoir que mes nombreux amis de Club Rotary aux États-Unis pourront lire mon livre en anglais. Il est partout dans le monde. Jamais je n’aurais même imaginé ça. »

Et dire que cette femme consacrait son quotidien à s’occuper des enfants de sa garderie en milieu familial avant la tragédie. Sonia Poirier n’avait jamais ecrit, pas une seule ligne. Voilà que sa plume risque maintenant d’être le scénario d’un film. 

Un 2e livre pour 2021

Devenue passionnée, Sonia Poirier s’est remise à l’écriture. Elle publiera son deuxième  livre au début de 2021, La première vague de mon histoire...pour l’après deuil.

« Je veux expliquer comment le cheminement est long et le processus difficile pour s’en sortir, mais c’est possible. En réalite, j’ai subi trois gros chocs post traumatiques (le bateau qui s’est renversé. La dure épreuve d’ abandonner le corps de son beau-frère après avoir nagé avec lui, même s’il était mort et la nuit d’horreur en forêt), souligne celle qui a récemment terminé ses consultations avec son psychologue se portant « beaucoup mieux »

Elle mentionne que son premier livre a été une veritable « thérapie de guérison. Il y a eu beaucoup de pleurs et ça faite du bien »

La mère de famille de trois enfants ajoute que le drame lui a permis de revoir certaines choses . « J’ai énormément travaillé sur moi-même. Aujourd hui, je m’affirme. Je sais dire  non, moi qui était toujours partante pour aider. J’ai appris à mettre mon pied à terre » lance-t-elle d’un ton ferme.

Bien que la souffrance de la perte de son mari demeure vive, Sonia Poirier se donne une nouvelle chance en amour. « Au debut, j’avais l’impression de trahir mon mari. Mes amis m’ont dit que j’avais aussi droit à mon bonheur. J’ai accepté sa mort. J’ai accepté qu’il parte pour l’au-delà. Je sais qu’il sera toujours là pour m’aider, peu importe mes décisions. Nous etions une famille unie. Ça fait mal mais le mal est moins présent. »

Guidée par ses « anges », Sonia Poirier se croise les doigts pour le film et souhaite dans un avenir proche donner des conférences. Si elle parvient à raconter en parole son histoire de survie de la même manière qu’elle l’a écrite en laissant parler la profondeur de son coeur, elle connaitra certes un autre succès.