«Le complexe La Romaine passera à l’histoire comme un mauvais choix de dépense de fonds publics»

Hydro-Québec a inauguré ce jeudi 12 octobre le complexe de la rivière Romaine au nord d'Ekuanitshit et Havre-Saint-Pierre. (photo Hydro-Québec)

Fondation Rivières calcule que les quatre centrales inaugurées en grande pompe hier produisent au coût de 8,05 ¢ pour un kilowattheure, alors que cette énergie sera vendue aux grandes industries au tarif préférentiel d’environ 5,26 ¢/kWh,  «Le complexe La Romaine passera à l’histoire comme un mauvais choix de dépense de fonds publics», prétend l’organisme cofondé par l’acteur Roy Dupuis.

Il s’agit d’une perte sèche qui sera assumée par les générations futures, déplore la fondation. «On détruit nos dernières rivières sauvages pour faire du Québec le Dollarama de l’énergie alors qu’il y a des alternatives moins chères et moins dommageables», souligne le directeur général André Bélanger.

Si les 8 TWh produits annuellement par La Romaine devaient être vendus à rabais pour appâter toutes les grandes entreprises énergivores courtisées par le gouvernement Legault, il s’agirait d’une perte nette de 208 M$ par an, selon les calculs de l’analyste indépendant du secteur de l’énergie, Jean-François Blain.

Énergie « propre » ?

La Fondation Rivières rappelle que l’hydroélectricité, bien qu’elle soit une énergie renouvelable, n’est pas sans conséquences pour les communautés locales et l’environnement. Elle inonde des territoires, perturbe les écosystèmes et contribue à l’émission de gaz à effet de serre.

Comme le chef Innu d’Unamen Shipu, Fondation Rivières s’oppose au harnachement de la Petit Mécatina. « Une telle centrale reviendrait à inonder l’équivalent de la moitié de l’Île de Montréal, soit plus de 200 km2, alors qu’on n’a même pas entamé de démarches sérieuses en économies d’énergie », précise André Bélanger.

Le prix du patrimoine naturel

Le cofondateur et porte-parole de la Fondation Rivières Roy Dupuis, juge que : « S’il faut perdre notre patrimoine naturel pour quelques dollars, il est grand temps de redéfinir ce que ça veut dire que d’être riche. Après tout, c’est quoi la vraie richesse ? 

» Ironiquement, l’autre cofondateur et président de la Fondation, Alain Saladzius, s’est vu décerner un doctorat honorifique par l’Assemblée des gouverneurs de l’Université du Québec au moment où a eu lieu l’inauguration de La Romaine hier. M. Saladzius est récompensé pour sa contribution exceptionnelle à la protection et la mise en valeur des rivières québécoises.