
Le chanteur innu Keven Chouinard ne passe pas par quatre chemins: Il accuse le gouvernement du Québec, avec ses mesures sanitaires, d’anéantir sa carrière.
Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local
« Les gens ont peur d’attraper le virus même sur une carte de carton, il y a des limites à virer fou ».
C’est que depuis une semaine, le chanteur voyage à la grandeur de la province pour aller porter en main propre à ses fans son nouvel album, encore tout chaud.
« Presque la moitié des personnes qui voulaient en avoir un, ne veulent plus le recevoir. Elles disent avoir peur que je leur donne le virus. Cibolac, revenez sur terre! », lance avec véhémence celui qui a habité sur la Côte-Nord, au Saguenay et maintenant à Mirabel, près de Montréal.
Ses admirateurs assurent qu’ils iront toutefois le télécharger sur les différentes plateformes de musique.
«Vous savez comme moi qu’entre le dire et le faire ce sont deux choses différentes. Ils risquent d’oublier et de passer à autre chose. Pendant ce temps, moi, je ne vendrai pas d’album; mon gagne-pain pour faire vivre ma famille», craint ce père de trois enfants.
Keven Chouinard était conscient que de lancer son album, intitulé Chacun son Chacun, en pleine crise sanitaire l’obligerait à user d’originalité. Il croyait avoir trouvé la solution en offrant la possibilité d’écouter ses 16 nouvelles chansons sur un traditionnel CD ou sur une clé USB, la nouvelle tendance.
« Rien à faire, les gens ont peur. »
Découragé par ces dommages collatéraux de la pandémie, Kevin a voulu envoyer par la poste des centaines d’albums en même temps.
« La préposée a refusé prétextant que je pourrais avoir le virus et qu’il serait alors transmis par mes envois postaux à des centaines de personnes partout au Québec. Pas de bon sens », a-t-il dénoncé sur un ton ferme.
Refusant une telle réponse de la préposée, l’homme de 40 ans est « monté » au bureau chef de Postes Canada à Montréal. « Je leur ai dit que si je ne pouvais envoyer mes albums par la poste, c’est ma carrière que le gouvernement va briser, surtout que tous nos spectacles sont annulés depuis des mois. »
Une démarche qui a porté fruit, mais qui n’a pas donné les résultats escomptés.
« Encore là, les gens, qui en grande majorité ne sont pas des inconnus, sont réticents à recevoir l’album par la poste ayant peur que le virus soit toujours vivant à l’arrivée. Ce qui est impossible, car le virus ne peut vivre plus de 24 heures sur du carton. Heureusement, certains s’en balance et ne souhaitent qu’avoir leur album rapidement », souligne celui qui est suivi par des milliers d’internautes.
Cet auteur-compositeur au lourd passé est autodidacte. Il est responsable de tous les aspects de sa carrière. Les chansons empreintes d’émotion de ces deux albums sont disponibles sur kevenchouinard.ca.
Dans ses paroles, il raconte son calvaire, https://macotenord.com/un-nouvel-album-apres-la-misere-noire-pour-keven-chouinard/ une vie marquée par des agressions sexuelles commises par un oncle à son enfance, une adolescence vécue dans le dur monde de la drogue et de la prostitution et une vie adulte débutée par de difficiles emprisonnements dans trois provinces canadiennes.
Depuis 4 ans, avec la naissance de son plus jeune, il a décidé de se consacrer à la musique et d’en vivre. Encore une fois, la pandémie l’oblige à se retrousser les manches pour ne pas abandonner et replonger dans la déchéance de son ancienne vie.