
Malgré que ce soient des souvenirs douloureux et déchirants, les Innus de Pessamit veulent se souvenir du terrible épisode des pensionnats indiens, dont le but clairement indiqué, aucunement caché par les gouvernements de l’époque, n’était rien de moins que l’assimilation des peuples autochtones. Une troublante destruction de toute une nation qui aura duré plus de 150 ans.
Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local, Macotenord.com
Pour ne jamais oublier ce pan de l’histoire canadienne, le Conseil de bande de Pessamit invite ses membres à user d’originalité et de créativité pour composer et interpréter des chansons en langue innue sur le dramatique thème des pensionnats indiens.
« Le projet consiste à la composition, production et enregistrement sonore de chansons innues afin de rendre hommage aux survivants des pensionnats indiens », souligne Liette Picard de Pessamit.
Les artistes ont jusqu’au 20 novembre pour exprimer leurs blessures ou celles de leurs parents ou encore de leurs grands-parents en parole et en musique. Et les cas vécus pour les inspirés sont nombreux.
En effet, un triste nombre d’autochtones plus âgés de cette réserve, comme dans plusieurs autres communautés au pays, ont subi des sévices physiques et des abus sexuels, notamment.
« Afin de permettre aux candidats en émergence d’acquérir une expertise dans le domaine de l’écriture, de la composition et de l’interprétation de chansons, les personnes n’ayant jamais réalisé d’album au complet seront priorisées », mentionne Mme Picard, qui invite les intéressés à soumettre un démo de même qu’une lettre de motivation à [email protected].
1996: fermeture du dernier pensionnat
Le tout a débuté à la fin des années 1800 alors que les colonisateurs européens considéraient les gens des Premières Nations comme étant inférieurs à eux.
C’est ainsi qu’ils décidèrent d’éduquer, d’évangéliser et de civiliser ceux qu’ils appelaient les « sauvages « . On voulait les élever comme des blancs.
Dans le but d’atteindre cet objectif, le gouvernement fédéral du premier ministre de l’époque, John A. Macdonald, mettra sur pied les pensionnats indiens partout au Canada, dont six étaient situés au Québec.
Jusqu’en 1996, année de la fermeture du dernier pensionnat, plus de 150 000 enfants seront retirés de leurs familles autochtones pour être instruits par des groupes religieux. Il était carrément interdit pour ces Innus de parler leur langue maternelle sous menace de violentes réprimandes.
Partis étudier loin de leurs familles, certains autochtones revenaient à la maison plusieurs fois par année, alors que d’autres passaient toute l’année au pensionnat, à l’exception des vacances d’école l’été.
En 2009, la Commission de vérité et réconciliation a été mise sur pied pour lever le voile sur ces pensionnats indiens.
Pendant plus de six ans, les commissaires ont sillonné d’est en ouest le Canada à la recherche de témoignages d’autochtones ayant vécu dans ces pensionnats. Plus de 7000 victimes se sont vidé le cœur.
Près d’une centaine de recommandations ont alors été soumises au gouvernement canadien afin d’amorcer un processus de réconciliation avec les autochtones.
Depuis, l’Église s’est engagée sur la longue voie de la réconciliation avec les autochtones.
Un long périple vers la guérison, dont personne ne sait combien de temps prendra ce voyage.
Surveillez dans les prochains jours dans macotenord.com des histoires d’horreur vécues par des aînés innus dans ces fameux pensionnats.