Les Innus de Pakua Shipi se remémorent les déportations et la marche de retour il y a 60 ans

Une cérémonie sous le thème «60 ans de résilience». a placé les anciens et descendants des leaders de 1963 à Pakua Shipi. (Photo Facebook)

Déportés en 1961 par le Père oblat Alexis Jouveneau et le gouvernement fédéral à Unamen, les Innus de Pakua Shipi ont commémoré la semaine dernière la marche du retour définitif de 1963. Les activités en marge de la Journée nationale des Autochtones ont été chargées d’émotion sous le thème «60 ans de résilience».

La commémoration a placé tous les projecteurs sur les Aînés et les descendants des leaders de 1963, comme les familles Poker, Mestanapeo, Mark, Lalo, Maleck. L’artiste et conseiller en communication de l’Institut Tshakapesh Dan-Georges Mckenzie a assisté au rassemblement et participé au spectacle à Pakua Shipi jeudi. Il témoigne du grand respect envers les anciens exprimés lors d’une longue cérémonie à l’école.

«Le rassemblement de la semaine dernière a réuni des Innus et des Allochtones de partout sur la Côte, en soutien à la cause. Les Aînés ont partagé avec émotion cette page d’histoire de familles qui ont marché 250 km il y a 60 ans. On a pu s’imaginer comment cela n’a été pas facile, mais vécu avec détermination», résume Dan-Georges Mckenzie.

Triste histoire méconnue

Dénoncé pour ses nombreuses agressions, le Père Jouveneau a convaincu Ottawa à la fin des années 1950 de déporter les Innus de Pakua. Le gouvernement a vu l’opportunité d’économiser en créant une seule «réserve indienne» en Basse-Côte-Nord. Le prêtre évitait ainsi de parcourir 250 km pour sa mission de convertir les Innus à la religion catholique. Les 64 derniers nomades fréquentant l’été la rivière Pakua ont été déportés en 1961 par bateau dans d’horribles conditions.

En 1963, quatre familles innues déportées de Saint-Augustin à La Romaine 2 ans plus tôt, ont entrepris le chemin inverse à pied, pour retourner sur leur terre d’origine, traversant donc plusieurs villages de la Basse-Côte-Nord. D’autres familles les ont rejoints en bateau par la suite.

L’anthropologue Rémi Savard a commencé à s’intéresser aux deux communautés innues de la Basse-Côte-Nord en 1967. Il a effectué plusieurs longs séjours sur place. Il décrit dans ses «Carnets de voyage» deux communautés d’environ 500 Innus.

«Deux communautés mises sous verrou entre deux rivières, qui s’étaient associées d’elles-mêmes en saison pour le saumon, le loup-marin et la morue…» dépossédées par les financiers Américains amateurs de pêche et sédentarisés contre leur gré par les autorités religieuses et politiques.