
Des manifestants de la Côte-Nord demandent au gouvernement du Québec de les déconfiner maintenant que la région n’affiche plus aucun cas de la COVID-19. À défaut de quoi, ils promettent de sortir en grand nombre dans la rue pour faire du bruit afin d’être entendus tout en respectant les mesures sanitaires.
Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local, Macôtenord.com
«Ce n’est pas une menace. Mais nous ne pouvons continuer d’accepter les mêmes restrictions que Montréal alors qu’ici nous avons zéro cas de coronavirus sur une population de 93 000 habitants dans un immense territoire de 300 000 km2», lance Kevin Grenier, l’initiateur des récentes manifestations à Baie-Comeau.
«Nous allons porter le masque, respecter la distanciation sociale et suivre les directives de la SQ. Nous voulons seulement que le gouvernement sache que nous sommes en désaccord avec les mesures imposées, comme le couvre-feu.»
Ce père de famille estime que les mesures ne sont pas adaptées à la Côte-Nord. «Nous affichions de bons résultats avant le couvre-feu, mais nous avons quand même accepté d’être confinés comme ailleurs au Québec. Sauf que là, c’est assez d’être pénalisés. Au contraire, on doit être récompensés pour nos bons résultats. »
Kevin Grenier croit qu’il serait plus préférable de réinstaller des barrages routiers aux extrémités de la région afin de limiter la venue des visiteurs des autres régions et d’obliger les gens qui arrivent de l’extérieur à subir un test de la COVID. «Tout le monde serait en sécurité et nous, nous pourrions continuer de vivre normalement, du moins en partie et surtout, nous pourrions sauver notre petite économie. »
Consciente que les trois à quatre dernières manifestations n’ont été courues que par une poignée de Nord-Côtiers sur l’ensemble du territoire, Karol-Ann Connolly de Sept-Îles espère que «les restaurateurs, les propriétaires de bars, de gyms, de salons de coiffure, de magasins de vêtements sortiront dans la rue pour exprimer leur désarroi. Nous avons besoin de gros noms pour faire bouger les choses.»
Cette dernière croit que le silence des commerçants s’explique par la peur de l’image. «Ils doivent cesser d’être craintifs de se faire reconnaître comme s’ils étaient des criminels. Ils doivent penser davantage à leur avenir et celui de leurs enfants. Nous ne faisons que poser des questions.»
Au tour du Dr Fachehoun
Vendredi matin, c’était au tour du médecin spécialiste de la Santé publique pour la Côte-Nord, le Dr Richard Fachehoun, de suggérer aux autorités nationales de permettre des petits rassemblements de six personnes et d’ouvrir commerces et restaurants avec les restrictions prévues en zone orange.
Rappelons qu’il n’y avait pas de nouvelle infection à la COVID-19 au bilan de vendredi sur la Côte-Nord. Depuis jeudi, il n’y a plus de cas actif chez les gens de la région ni de cas d’hospitalisation.
Par contre, le CISSS de la Côte-Nord a précisé qu’une éclosion de six cas dans une minière à Fermont avait été enregistrée. Plusieurs personnes ont été isolées et dépistées.
Le Dr Fachehoun a ajouté que la situation est stable sur la Côte-Nord, mais fragile. «Elle peut changer rapidement», de dire le médecin spécialiste qui a refusé de se prononcer sur la levée du couvre-feu pour la région.
La veille, jeudi, ce sont les préfets de la Côte-Nord et les chefs des communautés innues qui ont réclamé un retour aux mesures d’avant les fêtes.
Le président de l’Assemblée des MRC de la Côte-Nord, Randy Jones, affirmait que «ce qui est souhaité, c’est le retour aux conditions d’avant le couvre-feu, soit de permettre l’opération des commerces et restaurants, les cours en classe et l’accès à différentes activités.»
Pour sa part, le chef d’Unamen Shipu et responsable du dossier de la santé pour les Innus, Bryan Mark, mentionnait que «depuis le début de la pandémie, la région a pris les choses très au sérieux pour protéger les populations vulnérables. Dans un contexte aussi complexe, nous devons aussi favoriser la santé mentale avec des mesures plus équilibrées.»