Perdre la vie, et la donner au suivant

Alexandre Thibeault, 2 jours avant son accident de voiture. (photo : courtoisie)

Alexandre Thibeault était le quatrième garçon de la famille, le petit dernier. Un jeune mécanicien qui a tragiquement perdu la vie en juin dernier, suite à un sévère traumatisme crânien. Ayant signé sa carte de don d’organes, il a permis à quatre personnes d’avoir la chance de vivre une vie meilleure, et plus longue.

Josée Tremblay a accepté de partager la pire épreuve de sa vie, soit celle de perdre son enfant dans un tragique accident, afin de sensibiliser les gens à l’importance d’apposer leur signature derrière la carte d’assurance maladie, afin d’autoriser un don d’organes lors d’un décès.

« On a perdu gros, et eux, ont reçu un immense cadeau. Mon gars a fait un don de quatre vies meilleures. », partage la maman.

Ayant signé sa carte de don d’organes, un soir sur le coin du comptoir avec son père, Alexandre aura permis à quatre personnes d’avoir l’opportunité d’avoir une meilleure qualité de vie. Deux d’entre-elles ont reçu chacune 1 rein, une les 2 poumons, et l’autre le foie d’Alexandre.

«Par-dessus tout, je voulais partager mon expérience pour sécuriser les gens que tout est fait dans le respect du donneur et que malgré que nous sommes loin, c’est quelque chose de possible», ajoute-t-elle.

Trois deuils plutôt qu’un

À son arrivée à l’hôpital le matin de l’accident de son fils, Mme Tremblay s’est fait annoncer la mort de son enfant. Alexandre a quitté immédiatement en avion ambulance pour Québec, afin de poursuivre les démarches pour de possibles transplantations.

Josée, ne voulant pas abandonner son enfant lors de ces démarches, où il est tenu en vie artificiellement, s’est dirigée vers Québec en voiture. À son arrivée, elle a appris qu’Alexandre n’était pas décédé, son cerveau réagissait encore, malgré l’énorme traumatisme crânien qu’il avait subi. Un mince espoir qui a disparu rapidement, puisqu’Alexandre est malheureusement décédé de ses blessures dans la nuit, soit le 16 juin 2020.

Sachant qu’Alexandre avait signé sa carte de don d’organe, le personnel hospitalier lui a servi un traitement 5 étoiles, rempli d’humanisme et de respect, durant les journées où il a été maintenu en vie artificiellement, afin de préserver ses organes, le temps de trouver des receveurs et de passer une batterie de tests.

«Mon fils avait un infirmier attitré pour lui seul. Il a été traité comme un humain, pas comme un déchet. Tout le monde lui parlait, le soignait, je pouvais aussi le coller » confie la dame, qui se souvient que tout le personnel a traité son fils avait le plus grand respect.

Un don inestimable

Mme Tremblay mentionne que chaque organe de son enfant a été récupéré par le médecin qui procédait à la greffe. Il s’est présenté lui-même, sur place, afin de venir chercher le don d’Alexandre, avant de partir en avion greffer le bénéficiaire. C’est là qu’elle a vécu son deuil final, sachant qu’elle ne verrait plus jamais son enfant.

«Nous aurions tout de même pu revenir sur la décision d’Alexandre, et ils nous ont demandé à plusieurs reprises si nous étions certains d’honorer sa décision. Nous leur avons donné 5 jours pour trouver des receveurs, ce qui a fonctionné», mentionne la mère.

Mme Tremblay et son mari ont eu des nouvelles des personnes qui ont reçu les organes d’Alexandre. Ils ont alors su que les quatre personnes se portent bien actuellement, et devraient en avoir d’autres sous peu, afin de savoir si tout se passe encore bien.  

Alexandre n’est plus sur terre présentement, mais une partie de lui demeure toujours en vie et permet à des personnes privilégiées de vivre des jours meilleurs. L’empreinte de ses mains se retrouve parmi le mûr des personnes ayant, tout comme lui, accepté de faire don de leurs organes à l’heure de leur mort, dans l’entrée de l’hôpital l’Enfant-Jésus de Québec.

« Aux personnes qui ont reçu des dons d’organes d’Alexandre, je leur souhaite une vie en santé, et que mon fils leur ait donné le goût de continuer, et d’en faire bon usage. », conclue la dame.