
Dans son dossier sur un pont sur le Saguenay, macotenord.com démontre aujourd’hui que la construction ou la modernisation des traversiers de Tadoussac sont toujours survenues alors qu’une étude sur la faisabilité d’un pont à moindre coût était rendue publique. Coïncidence ou non?
Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local, Macôtenord.com
En effet, de dispendieux traversiers ont été construits ou modernisés à gros prix au détriment d’un pont qui révélait après analyse être moins coûteux, plus pratique et certainement moins frustrant pour les automobilistes impatients dans leurs véhicules immobilisés sur la route 138 en attente de l’arrivée d’un traversier.
En 1979, le gouvernement va de l’avant pour la construction de deux navires, le NM Armand-Imbeault et le NM Jos-Deschênes pour une facture de 10M$.
Construits par l’équipe de Marines Industries de Sorel, les bateaux neufs seront mis à l’eau en 1980.
Cette journée même de casser la bouteille de champagne, comme le veut la tradition lors du baptême d’un nouveau navire, le ministère des Transports a déjà prévu que les deux nouveaux joyaux maritimes auront leur radoub en 1996-1997.
Coïncidence ou non? Le gouvernement a commandé une étude d’opportunité sur la construction du pont de Tadoussac cette même année de 1997.
L’étude a été mise sur la tablette et les deux traversiers, vieux de 16 ans, ont alors été allongés afin de pouvoir accueillir 15 véhicules additionnels, passant au nombre de 75 au lieu de 60. Une autre facture de 17M$ pour chaque navire, soit 3M$ de plus que le budget alloué au départ.
À ce montant, ajoutons des sommes importantes pour le remplacement des quais à Tadoussac et à Baie-Ste-Catherine. Des chiffres qui n’ont pas été dévoilés à l’époque.
Protégés par le rituel d’avoir brisé une bouteille de Goût de Diamants ou autres cuvés sur la coque des bateaux lors des mises à l’eau en 1980, les navires devaient être en fin de vie en 2022. Le gouvernement avait déjà prévu une facture de remplacement de 50M$ en 1997.
Une somme qui passera à 27 M$ pour chaque traversier en 2006 alors que le consortium SNC-Lavalin-Genivar, responsable de l’étude d’impact sur la construction du pont de Tadoussac, pose la question au MTQ sur le coût de remplacement.
Ayant vraisemblablement trouvé cette réponse particulière sachant que le prix neuf ans plus tard aurait dû être à la hausse en comptabilisant l’inflation au coût de la vie, le consortium a refait les calculs pour fixer le coût de remplacement à 35M$ en 2025. Puis en 2009, le montant est majoré à 42M$.
Un pont à 35 millions de dollars.
Rappelons que la première étude indépendante de l’ingénieur T.A Monti en 1973 concluait à la construction d’un pont pour enjamber la rivière Saguenay à 35 M$, incluant les quatre années de construction.
En 1979, l’ancien ministre des Transports, Lucien Lessard, avait en main une étude qui stipulait qu’un pont à Tadoussac avec les travaux terrestres et les routes aménagées coûterait 115 M$ pour une durée de vie de 200 ans.
Dans un prochain article, il sera question de l’étude de 2009 qui illustre une fois de plus la rentabilité d’un pont suspendu. Trois semaines après la sortie de cette étude, en 2009, le gouvernement du Québec annonçait la construction de deux nouveaux traversiers, dont le budget initialement prévu passera du simple au double.