Poursuite contre l’Hôpital de Sept-Îles : la négligence de médecins aurait coûté plusieurs années de vie à un père de famille

Audrey et Ève Ringuette, les filles du Septilien Renaud Ringuette décédé en janvier 2018 d'un cancer.

Le cancer d’un Septilien a progressé sournoisement et à son insu pendant près de 8 ans sans qu’il ne bénéficie d’aucun traitement, en raison de la négligence de ses médecins, allègue sa famille qui les poursuit, ainsi que l’Hôpital de Sept-Îles.  

Renaud Ringuette était un père de famille généreux, fort.  Il a transmis à ses enfants son amour de la nature. Il était toujours là pour eux.

Jusqu’au jour du 8 janvier 2018, où il est décédé d’un cancer pulmonaire métastatique à 64 ans. Son cancer s’était développé pendant longtemps, trop longtemps, sans qu’il ne bénéficie de traitement.

Une poursuite en chambre civile a été déposée en octobre, en Cour Supérieure. Sa conjointe et ses quatre enfants poursuivent au civil des médecins ayant traité M. Ringuette, l’Hôpital de Sept-Îles et l’Association canadienne de protection médicale.

Signaux d’alarme

Un bilan sanguin avait révélé chez lui un taux de PSA de 8.54 en juin 2008. Pour un homme âgé entre en 60 et 70 ans, un taux normal est d’environ 4.5.  La PSA est une molécule dans le sang qui marque l’activité de la prostate. Si son taux est trop élevé, il peut s’agir d’un signe précurseur d’un problème de santé.

En octobre 2011, un deuxième bilan sanguin est fait. Le taux est rendu à 12.49. Encore une fois, aucune investigation n’est réalisée.

Par la suite, Renaud Ringuette a été hospitalisé à plusieurs reprises pour des problèmes de pancréatites. Il a donc été en contact avec le réseau de la santé à plusieurs reprises.

On lui a notamment fait un autre bilan sanguin. Son taux de PSA était rendu à 52.90 en avril 2015. Jamais personne n’aurait sonné l’alarme, ou fait de suivi sur ses examens prescrits trois ans plus taux par son médecin.

Toujours en raison de ses pancréatites, on lui a fait une échographie abdominale en 2012 et on a découvert que la taille de sa prostate avait augmenté d’environ six centimètres. Un médecin lui a donc prescrit  une écographie et une biopsie de celle-ci. C’était au début de novembre 2012.

Pourtant, le cancer de Renaud Ringuette n’a été diagnostiqué qu’en 2015. Il était alors déjà rendu très avancé, soit un stade élevé haut grade Gleason 9. Que s’est-il donc passé entre temps?

Un dossier perdu

Près de deux ans après la prescription d’examens, la conjointe de Renaud Ringuette avait fait un suivi auprès de la Centrale de rendez-vous de l’Hôpital de Sept-Îles. Selon la poursuite déposée en octobre en Cour Supérieure, on lui a indiqué qu’on avait bien en main la demande, mais qu’il fallait être patient et que son tour n’était pas encore venu.

En avril 2015, elle a fait de nouveau un suivi. Cette fois, on lui a dit «qu’il n’y a aucune requête au nom de M. Ringuette dans leur dossier et qu’il faut qu’une nouvelle demande soit complétée par le médecin de famille».

Une requête «malheureusement» pas honorée

Dans une correspondance avec le médecin de famille de M. Ringuette, son urologue a écrit que le patient est «malheureusement passé au travers sa biopsie initiale qui aurait dû être faite, il y a bientôt trois ans». Il ajoute «qu’il pense que sa requête n’a jamais été honorée».

Après avoir réalisé ce qui s’était passé. Comment on avait présumément négligé de s’occuper de lui, de faire les suivis requis…il ne restait plus à M. Ringuette que d’essayer de se concentrer sur ses derniers moments avec sa famille, raconte sa fille, Ève Ringuette.

Ève Ringuette, fille de Renaud Ringuette.

L’histoire de Renaud Ringuette ne serait pas un cas isolé à l’Hôpital de Sept-Îles, selon l’avocate de la famille, Me Julia Garzon, de la firme MedLegal.

Me Julia Garzon, avocate de la famille Ringuette.

Le dossier suit son cours devant les tribunaux et les avocats continuent d’investiguer l’histoire. Il faut environ compter 18 mois de délais pour un cas en responsabilité médicale comme celui-ci. Selon l’avocate, ce type de dossier se termine souvent par une entente hors cour.

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