Protection de l’enfance chez les Innus: Le sentiment de revivre l’époque des pensionnats

(photo:courtoisie)

Le conseil des Innus de Uashat mak Mani-utenam a l’impression que le fonctionnement actuel de la DPJ leur fait revivre l’époque des pensionnats, alors que leurs enfants tombent sous la juridiction des allochtones, perdent leur culture et leur mode de vie. ITUM a dévoilé mercredi son plan d’action et présentera d’ici un an son propre projet de loi en matière de protection de l’enfance.

Un pas vers le droit de déterminer leurs propres pratiques en matière de protection de la jeunesse. Plusieurs familles de la communauté ont manifesté récemment dans les rue à Maliotenam à la suite d’interventions de la Direction de la protection de la jeunesse, sans prévenir. Les méthodes de réhabilitation ne prennent pas en contre les valeurs et les stratégies de guérison des Innus, lit-on dans le nouveau plan d’action d’ITUM. Le conseil de bande reprendra donc le contrôle des jeunes en difficulté, mais selon les pratiques coutumières innues.

Ne pas jouer à l’autruche

ITUM partage ouvertement des statistiques alarmantes au sujet d’enfants en situation de compromission, ayant des services de la DPJ. Il note une augmentation de 128% des signalements au cours des six dernières années, alors que des enfants étaient en situation de compromission quant à leur bien-être. Dans plus de 90% des causes de signalement, il s’agit d’un cas où l’un ou les parents ont une problématique de consommation excessive.

Il est démontré également que ITUM est la communauté détenant le plus de prises en charge par la DPJ sur la Côte-Nord. En effet, ce sont 200 cas pour Uashat et Mani-utenam, versus 186 pour Sept-Îles. Considérant l’écart de population, ces chiffres parlent énormément.

Une médecine bienveillante

Des stratégies structurées permettant de mettre de l’avant les valeurs culturelles, le mode de vie, ainsi que les manières uniques de prendre soin des enfants dans la communauté seront priorisées, afin de venir en aide aux enfants vivant des moments difficiles. Le projet s’appelle d’ailleurs Tshisheuatishitau, qui veut dire bienveillance.