Rareté de la main-d’œuvre : Sept-Îles n’y échappe pas

La rareté de la main-d’œuvre donne toujours des maux de tête aux commerçants de Sept-Îles. Et s’il faut se fier aux commentaires entendus, les prochains mois s’annoncent pénibles.

Claude Fortin, Initiative de journalisme local

Le copropriétaire du supermarché IGA de Sept-Îles, Arlin Labrie, s’attend au pire. Depuis janvier, le recrutement et la rétention des employés représentent un casse-tête quotidien. Pour un commerce comme le sien, le retour en classe des étudiants laisse entrevoir des jours difficiles. « La grosse crise [de la main-d’œuvre], c’est en septembre qu’on va la voir. Elle n’est pas arrivée, mais on la voit venir », raconte l’homme d’affaires.

Le retour en classe des étudiants force Arlin Labrie à revoir l’opération de son supermarché. Rien n’est encore arrêté de façon définitive, mais l’idée d’écourter les heures de service de certains départements, comme la boucherie et la charcuterie, par exemple, flotte. L’épicier évoque aussi la possibilité de confier ses activités de transformation des aliments, comme la préparation de mets cuisinés, à un sous-traitant. Ces tâches exigent une quantité importante de main-d’œuvre, explique monsieur Labrie.

Personne n’est épargné

La directrice générale de la Chambre de commerce de Sept-Îles, Jessica Bélisle, explique que la rareté de la main-d’œuvre touche principalement la restauration, l’hébergement et le commerce de détail. « Comme partout ailleurs, ils [dans la restauration] sont obligés de fermer plusieurs jours par semaine  pour permettre à leur personnel de prendre du repos parce que le recrutement du personnel et sa rétention est dure dans ces temps-ci », raconte madame Bélisle qui ajoute que dans certains établissements hôteliers, ce sont « les propriétaires qui sont obligés de faire le ménage ».

Si certains secteurs sont plus durement touchés par le manque de personnel, Jessica Bélisle remarque qu’aucun domaine n’est vraiment à l’abri. C’est le cas de la grande industrie, comme les entreprises minières, qui expérimentent des problèmes à peu près jamais vécus auparavant. « Avant c’était facile. Les gens voyaient l’appât du gain avec les salaires et les conditions qui sont extraordinaires, mais même eux, actuellement, ont de la difficulté à recruter », nous a expliqué madame Bélisle.

Les jeunes en renfort

Plusieurs employeurs se seraient tournés vers une main-d’œuvre plus jeune pour pallier au manque de personnel. C’est le cas du IGA d’Arlin Labrie. « On embauchait déjà des étudiants de 14 ans, mais là on a commencé l’embauche de jeunes de 13 ans », raconte monsieur Labrie. « C’est vraiment les 13-14 ans qui ont sauvé la donne pour certains commerçants et certains restaurateurs », ajoute Jessica Bélisle.

Arlin Labrie sait cependant que l’embauche de ces jeunes ne représente pas une solution viable, à long terme. L’épicier croit que le recrutement de travailleurs étrangers temporaires, comme on le fait en agriculture, pourrait atténuer ses difficultés. « Ça fait un an qu’on est dans le processus [de recruter des travailleurs immigrants] et on attend encore », précise l’épicier.

Le manque de main-d’œuvre tombe d’autant plus mal que la région connaît une saison touristique exceptionnelle. « Les ventes sont là, mais on ne peut pas fournir », regrette monsieur Labrie. «Certaines ailes d’hôtels sont restées fermées en raison du manque de personnel pour l’entretenir », observe pour sa part la directrice générale de la chambre de commerce.