Saumon atlantique : une saison catastrophique sur la rivière Moisie

(Photo: Saumon Québec)

Avec une vingtaine de saumons capturés depuis le début de la saison, en incluant les remises à l’eau, l’association de protection de la rivière Moisie, APRM, connaît une des pires saisons de son histoire. Tant dans la zone contingentée que dans le secteur de la zec, les 21 premiers kilomètres de la rivière, la plupart des pêcheurs, toujours aussi nombreux, ont fait chou-blanc. « C’est vraiment triste. Dans notre secteur contingenté, j’pense qu’on n’a même pas eu cinq captures sur 30, 35 jours à peu près d’exploitation », se désole Ginette Pelletier, la coordonnatrice de l’APRM.

Claude Fortin, Initiative de journalisme local

Les conditions climatiques difficiles observées en début de saison pourraient expliquer le nombre décevant de captures cette année, croit madame Pelletier. « La débâcle s’est faite assez tôt en avril, puis y a pas plu en mai jusqu’au milieu de juin, à peu près, donc l’eau a baissé très vite. Et là, milieu de juin, on a repris toute l’eau qu’on n’avait pas eu donc [le niveau de la rivière] a augmenté comme en début de saison », de telle sorte que les saumons ont, d’une certaine façon, passé tout droit.

Le saumon monte tout de même

Le nombre décevant de captures ne signifie cependant pas que le saumon boude nos rivières. Myriam Bergeron, biologiste et directrice générale de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique, FQSA, estime que nous connaissons une bonne saison. «Pour la montaison des grands saumons, les géniteurs qui assurent la pérennité de l’espèce, on se situe dans une année moyenne à bonne pour la plupart des rivières. »

Les rivières Baie-Trinité, aux Rochers (Port-Cartier) et Godbout servent de baromètre à la FQSA pour avoir une idée de l’évolution des populations. Ces rivières disposent de passes migratoires où chaque saumon est recensé. 704 saumons ont ainsi remonté la rivière Baie-Trinité en date du 4 août, alors que 567 remontaient la rivière aux Rochers et 1114, la rivière Godbout. En guise de comparaison, 2045 saumons avaient remonté la Matane, au 4 août.

Des efforts qui semblent payer

Les efforts de gestion du saumon atlantique, depuis une vingtaine d’années, semblent contribuer à la stabilisation des populations de saumons dans les rivières du Québec. La remise à l’eau obligatoire des grands saumons en début de saison, la gestion des rivières par bassin versant et les quotas de prises convenus avec le Groenland permettraient d’espérer un avenir plus radieux que ce que laissait craindre l’important déclin de l’espèce, observé autour des années 1990. « On a noté une bonne stabilisation des populations de saumon, au moins depuis les 15 dernières années et dans certains cas, on a des signes encourageants qui pourraient laisser penser à une augmentation légère des populations», soutient Myriam Bergeron.

Le Québec compte 118 rivières à saumon reconnues. 62 d’entre elles se trouvent sous la gestion de zec, de réserves fauniques ou de pourvoyeurs privés. 40 rivières font par ailleurs l’objet d’un dénombrement systématique du nombre de saumons qui la remontent.