Soirée sur le suicide – Parler ça fait du bien!

Endeuillée par le décès tragique de l’une des leurs, au début du mois, Jency Vallée Mark, 13 ans, la communauté de Pakua Shipu sur Basse-Côte-Nord déroge à une loi non écrite, celle de ne pas parler du sujet tabou qu’est le suicide.

Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local, Macôtenord.com

Sous le thème, Parler ça fait du bien, un cercle de discussion et de soutien se tiendra ce soir au Centre multifonctions de l’endroit. Il sera animé par Menutan Descent-Vollant, intervenante enfance-famille-jeunesse de la communauté de Uashat-Maliotenam et Nathalie Bordeleau, intervenante du Service de première ligne.

Quand on traverse des moments difficiles, ça peut faire du bien de parler avec quelqu’un en qui on a confiance, ça peut être nos parents, nos amis, un aîné, un membre du personnel scolaire, une personne spirituelle ou les aidants de la communauté. 

Les 4 étapes

Une professionnelle du Service de première ligne de la communauté, Anne-Marie Audet, dresse les quatre étapes que doit surmonter une personne atterrée.

La première est celle du choc, «C’est l’annonce du décès. Il est important de laisser le jeune ventiler, le laisser dire où il était quand il a appris la triste nouvelle. Il doit exprimer sa douleur. Il faut le faire parler et surtout l’écouter. Au besoin, n’hésitez pas à consulter un spécialiste, les jeunes refusent de l’aide étant sous le choc .»

La deuxième étape est celle du refus: «Le jeune refuse d’y croire. Pour un suicide, c’est encore plus difficile à accepter. On cherche un coupable. On a un sentiment de honte et de culpabilité se disant qu’est-ce que j’aurais pu faire pour éviter un tel drame. Et c’est là qui arrive le fameux pourquoi?»

«Comme parent, il faut l’aider à comprendre que cette personne est partie et ne reviendra plus jamais. C’est définitif.  Il faut expliquer à notre jeune qu’il est normal de réagir ainsi, mais qu’il n’est pas responsable.»

La troisième étape est celle de la désorganisation: «Le jeune prend contact avec la réalité que la mort de cette personne est réelle. Il se sent perdu. Les souvenirs de la personne décédée vont lui amener de la tristesse. Il a un sentiment d’avoir été rejeté, de trahison.»

Mme Audet ajoute que certains auront alors des idées noires. «Les parents doivent montrer que ce n’est pas un comportement anormal de consulter des spécialistes afin que le jeune se dise aussi qu’il peut avoir recours à de l’aide et il est important de le dire au professionnel que le jeune a des idées suicidaires.»

La dernière étape est celle de la réorganisation: «Le jeune comprend que la douleur est toujours présente, mais moins forte, tranquillement pas vite il revient à la vie normale. Il accepte de vivre sa vie en l’absence de l’autre personne morte. Il doit reprendre ses activités, retourner au lit tôt, sa routine d’avant doit revenir.»

Anne-Marie Audet souligne que ces étapes peuvent être vécues différemment d’une personne à l’autre. «C’est un cercle d’une gamme d’émotions. Il y a de l’anxiété, de la peur, de l’agressivité. Il ne faut pas minimiser sa souffrance en disant ça fait longtemps, il faudrait que tu en reviennes. Non. Il faut lui montrer que comme parents nous sommes avec lui. Il peut compter sur nous, surtout que les jeunes ont tendance à vouloir se confier plus à leurs amis plus qu’à des adultes.»

Parmi ses judicieux conseils, elle rappelle l’importance de demeurer vigilant aux signes avant-coureurs comme des réactions vives de colère suivie de rires, de la profonde fatigue, de vouloir s’isoler, d’avoir un appétit diminué ou encore d’avoir de la difficulté à trouver le sommeil.

Votre enfant ou votre adolescent vous inquiète? Vous vous demandez comment parler des choses plus difficiles avec eux? Si vous avez besoin d’un moment pour parler de ce que vous vivez, n’hésitez pas à contacter une ligne d’écoute 24 heures sur 24 comme un centre de prévention du suicide 1 866 APPELLE (277-3553) Tel-jeune 1 800 263-2266 ou encore Jeunesse, J’écoute 1 800 668-6868. Nous sommes là pour vous!