Son fils a été tué | Elle brise le silence… 8 ans plus tard

Courtoisie

Huit ans, un mois et 13 jours. C’est le temps qui a passé depuis que Jason-Billy Coonishish-Rock a été arraché brutalement aux siens. Sa mère, Katia Rock de Pessamit sait qu’elle ne se sortira jamais de cette peine immense.

Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local, Macotenord.com

Endeuillée, comme pratiquement au premier jour, Katia Rock a décidé qu’il était venu le temps de tout raconter dans les moindres détails pour ne jamais oublier son fils, pour partager l’événement le plus difficile de sa vie et aussi pour qu’elle puisse faire son deuil, si possible. 

Sa porte d’entrée pour exprimer cette indescriptible souffrance: les réseaux sociaux.

« J’aimerais vous prévenir que le contenu de mon partage sera difficile à lire, mais les gens doivent connaître les circonstances du décès de mon garçon. Mon seul et unique », lance-t-elle d’emblée en entrevue téléphonique avec macotenord.com.

C’est donc avec une voix tremblotante et chargée d’émotion qu’elle se lance.

« Chaque année, un peu avant Noël, je revis ce pénible scénario. »

Son fils de 22 ans a été sauvagement assassiné par Darryl Neeposh, un individu « dérangé » qui a agi comme un sanguinaire.

Un meurtre crapuleux et d’une extrême violence. Lors de l’autopsie, la famille de la victime a eu de la difficulté à l’identifier tellement il était méconnaissable.

« Une scène digne d’un film d’horreur. Il était défiguré. Son œil gauche crevé et enfoncé par le doigt de son assassin. Il a été battu à mort », livre Mme Rock, les trémolos dans la voix.

Un témoignage à glacer le sang raconté une première fois lors du procès, alors que Mme Rock avait pu s’adresser au meurtrier de son fils, Darryl Neeposh. L’homme, qui avait 31 ans au moment de commettre son acte irréparable, était demeuré insensible dans le box des accusés.

4 ans de pénitencier

Malgré une preuve accablante de ce sordide meurtre, Darryl Neeposh avait été accusé et reconnu coupable de meurtre au deuxième degré. Une peine d’emprisonnement de 4 ans. Aujourd’hui, il est libre.

Les émotions se transforment en colère pour la mère lorsque nous abordons le nom de cet homme: Darryl Neeposh.

« Injustice » est le premier mot qui a été prononcé par Katia Rock qui déplore le manque d’humanité de notre système de justice.  

« Il vit aujourd’hui en liberté, sans aucune conséquence. Il s’est même remarié. Mon fils, lui, ne reviendra jamais. Il est parti si jeune, alors qu’il avait toute la vie devant lui. Injustice », a martelé la femme de 48 ans.

« Sa peine ne sera jamais assez suffisante pour tout le traumatisme que j’ai vécu et dont j’en garde encore aujourd’hui des séquelles psychologiques, et ce, à cause de lui », ajoute-t-elle avec la rage au cœur.

Katia Rock était persuadée que la solide preuve dévoilée lors du procès aurait mené à une accusation de meurtre prémédité où aucune libération conditionnelle n’est possible avant 25 ans.

Or, il a été démontré que Jason-Billy avait tenté de fuir son assassin à plusieurs reprises durant cette macabre soirée. En effet, des traces de sang retrouvées sur la neige près de la galerie de la résidence du meurtrier ont confirmé que la victime avait essayé de s’enfuir.

Le jeune homme a rencontré son futur meurtrier vers 2h du matin alors qu’il était en chemin pour retourner chez ses grands-parents après avoir passé la soirée avec une copine dans la communauté autochtone de Mistissini, située à quelque 90 km au nord de Chibougamau, dans le Nord-du-Québec.

Invité par le résident de la rue Minschiweek à le suivre à son domicile, Jason-Billy a accepté, ce qui lui aura coûté la vie.

Vers 6h, un témoin a mentionné avoir vu les deux hommes prendre un taxi. À 7h30, la voisine du duplex dit avoir entendu Jason-Billy crier « Ekuen ma shash! (Arrête! ) » plus d’une fois. Ensuite, il y a eu un long silence.

Vers 10h, la conjointe du tueur, qui avait dans le passé signalé aux policiers sa peur face à son copain violent, s’est rendue au domicile afin de récupérer des effets personnels pour elle et ses enfants.

De retour chez sa mère, elle est persuadée qu’il s’est passé quelque chose de grave, précisant avoir vu un jeune homme inanimé et allongé par terre dans une mare de sang. Elle contactera les policiers.

Rapidement, les policiers autochtones demanderont assistance à leurs collègues de la Sûreté du Québec. L’enquête a aussitôt été confiée aux policiers de l’unité des crimes contre la personne.

Darryl Neeposh est retrouvé sur les lieux, allongé face contre le sol. Réveillé et amené au poste pour interrogatoire, il sera ensuite accusé du meurtre de Jason-Billy Coonishish-Rock.  

Au procès, il sera mentionné que Jason-Billy était étendu par terre, ne voyant que le bout de ses pieds avec une botte manquante, un matelas simple sur son corps meurtri.  

Quand les policiers ont soulevé le matelas, ils ont vu un jeune homme portant un masque Spiderman sur son visage. En retirant le masque, c’est la terrible découverte d’un visage  »massacré ». Le thanatologue ira même a fortement recommander à la famille de ne pas ouvrir le cercueil lors des funérailles.

« Je tenais à ce qu’il soit exposé pour que les gens puissent lui faire un dernier au revoir et pour que je puisse le voir et prendre conscience de sa mort. Même avec des heures de travail et malgré les efforts mis sur la reconstruction du visage, il était encore méconnaissable. »

Mourant, il continue de le frapper

Toujours devant le Tribunal, il a été démontré que le meurtrier s’était acharné sur sa victime jusqu’à son dernier souffle.

« Il a reçu tellement de coups de la part de celui qui s’est permis de lui enlever la vie. Je ne peux croire qu’une personne puisse faire autant de mal à une personne de façon gratuite. Il est mort seul dans des conditions épouvantables. Je suis bouleversée en pensant à ça, moi qui par mon métier d’infirmière accompagne les gens en fin de vie. Je sais comment c’est difficile de mourir seul, loin de ses proches. »

Katia Rock souligne qu’elle savait depuis longtemps qu’elle devait extérioriser sa peine, mais elle n’avait pas la force ni le courage d’exprimer ce qui la hante, jour après jour, depuis huit ans.

Aujourd’hui, elle espère qu’avec cette sortie publique, elle pourra tourner la page et accepter l’absence de son fils, celui qui était sa raison de vivre.