
Persuadée que son bébé est décédé d’une erreur médicale, Sabrina Fontaine de Sept-Îles demande réponse à ses questions.
Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local, Macotenord.com
Son fils, Nepessis, né le 28 décembre 2017 à l’hôpital de Sept-Îles, étant atteint d’une maladie du métabolisme: le cycle de l’urée. Ce qui a nécessité l’installation d’une sonde pour alimenter le nouveau-né par l’estomac. C’est ce qui s’appelle la nutrition entérale.
Dès sa naissance, le nourrisson aura un suivi serré avec les professionnels de la santé.
C’est que les maladies du cycle de l’urée sont des maladies rares d’origine génétique. Les fréquences sont estimées entre 1 par 15 000 ou 1 par 45 000 naissances, selon les régions du monde.
Une maladie qui se caractérise par l’accumulation anormale dans l’organisme de composés toxiques issus de la digestion des protéines par l’organisme. La prise en charge vise notamment à rééquilibrer la concentration en ammoniaque dans le sang.
Surdose de protéines
Voilà que lors d’une complication majeure, Nepessis, alors âgé d’à peine un an, est transféré d’urgence en avion ambulance au Centre hospitalier universitaire de Laval à Québec.
»Quand je suis arrivée à l’hôpital de Québec, on constate que mon garçon a été nourri avec du lait, un produit à proscrire en raison de sa forte concentration de protéines. C’est comme si le tube pour lui donner la médication avait été interchangé avec celui pour l’alimenter par le ventre », a expliqué récemment la mère, encore visiblement en colère.
»Sauf que je me demande si cette erreur commise avant ou pendant son voyage en avion avait mené à la mort de mon fils survenue peu de temps après son retour à la maison. Le docteur m’a dit qu’il ne pouvait plus rien pour lui car son foie ne fonctionnait plus. »
Récemment informée par une amie que le cycle de l’urée peut refléter une maladie grave du foie, la mère de 36 ans se demande si on peut faire un lien de cause à effet avec l’erreur commise lors du transfert à Québec et la mort de son bébé il y a un an et demi.
Elle mentionne avoir officiellement porté plainte, il y a un an et demi, lors du décès de Nepessis. Une plainte qui n’aurait »pas encore été traitée », dit-elle.
Devant ce silence, la mère monoparentale de trois enfants de 7, 12 et 15 ans, souhaite consulter un avocat qui acceptera de la défendre moyennant un pourcentage du montant obtenu en guise de dédommagement.
»Je n’ai pas les moyens de me payer un avocat, mais je veux que l’histoire de mon fils soit connue pour éviter que d’autres enfants subissent le même sort. »
Pas facile d’obtenir une compensation financière
À l’heure actuelle, les patients ou les proches d’une victime qui souhaitent poursuivre un professionnel de la santé ou un hôpital doivent démontrer, comme pour toute poursuite en responsabilité civile, la présence d’une faute et prouver qu’ils ont subi un préjudice qui découle de la faute.
En 2019, il y a eu 900 poursuites pour erreur médicale au Canada. De toutes ces causes enregistrées, 778 dossiers ont été »réglés ». Du nombre, la majorité, 441 de ces règlements ont été abandonnés ou rejetés avant procès. Il y a eu 276 règlements à l’amiable entre patients et médecins.
Quelque 61 jugements ont été analysés sur le fond. Là-dessus, les médecins en ont remporté 53 et les patients huit. Seulement, huit personnes ont reçu une indemnisation à la suite d’un procès.