
Les élus de la Basse-Côte-Nord ne veulent plus revivre pareille catastrophe qu’actuellement depuis le bris du navire NM Bella Desgagnés causant ainsi du retard dans le transport de denrées vers ces régions isolées. Ils demandent l’implantation d’un second navire pour les situations urgentes.
Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local, Macôtenord.com
« Quand le F-A. Gauthier est en panne, la Société des traversiers du Québec dépêche rapidement un bateau en renfort. Pourquoi ne pas le faire pour les gens de la Basse-Côte-Nord afin d’acheminer notre marchandise, ça ne sera sûrement pas par l’autoroute, nous n’en avons pas. Nous sommes une région éloignée et isolée et dépendons d’un navire. Il est évident que les règles sont différentes pour les citoyens de la Basse-Côte-Nord versus le reste de la province de Québec », déplore Randy Jones, préfet de la MRC du Golfe-du-Saint-Laurent.
Pour Randy Jones, la STQ a eu « de nombreuses lacunes en matière de communication, de leadership, de responsabilité et de coordination envers la population de la Basse-Côte-Nord. La MRC du Golfe-du-Saint-Laurent n’acceptera plus que notre population soit traitée de cette façon et exige qu’un plan B solide soit établi pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’interruption dans le service de la Basse-Côte-Nord. »
Le chef de la réserve d’Unamen Shipu, Bryan Mark, abonde dans le même sens et écorche au passage la STQ pour son « irresponsabilité » qui a poussé la communauté à se mobiliser.
« Nous sommes laissés à nous-mêmes et on a l’impression de ne pas exister. On fait quoi en cas de bris ? Qu’arrivera-t-il des gens qui habitent sur la Basse-Côte-Nord dans les communautés et villages dépourvus de routes et qui comptent sur cette desserte ? La STQ va nous demander de déménager en ville ? », se questionne-t-il.
Incapable de recevoir de la nourriture, le chef avec des représentants du secteur de la santé a nolisé deux avions, les 30 et 31 décembre, afin d’entrer dans la communauté des denrées essentielles, comme du lait, des œufs, des fruits et légumes, des couches pour bébé et autres. « Nous sommes à la merci de cette desserte maritime qui est essentielle pour nous. Les membres de notre communauté sont en colère », a lancé le chef Mark sur les réseaux sociaux.
Ce dernier précise que le coût du transport par cargo aérien était tellement élevé (il en coûte environ 2400$ pour un vol aller-retour Sept-Iles-Blanc-Sablon) qu’il n’a pu être assumé par les commerçants, « qui n’ont toujours pas reçu une aide financière pour traverser cette crise. »
« Les sommes d’argent utilisées pour le transport aérien et l’achat de denrées essentielles ont été prises dans un budget de SAC réservé à la sécurité alimentaire de la communauté en temps de COVID et non pour pallier au manque d’organisation de la STQ. »
L’appel à l’aide des résidents de la Basse-Côte-Nord a été entendu, notamment par le directeur du Super C de Sept-Îles, Jean-Pierre Deschênes, qui a accepté, au pied levé, de fournir les denrées essentielles en seulement quelques heures, lui-même qualifiant la situation « d’aide humanitaire ». Karine Vigneault du Marché Tradition Vigneault du Havre-Saint-Pierre et son équipe ont aussi répondu à l’appel à l’aide, voire à la famine.
En mer depuis le 28 décembre
Rappelons que ces inconvénients vécus par les gens de la Basse-Côte-Nord ont débuté à la mi-décembre, en raison d’un bris au bateau. Le navire, qui effectue normalement la desserte, est resté à quai pendant une période prolongée. Le NM Bella Desgagnés a repris la mer que depuis le 28 décembre naviguant qu’avec un seul moteur, retardant considérablement son itinéraire surtout lors de conditions météorologiques défavorables, ce qui a empêché le bateau d’accoster pour les déchargements dans certains ports de la Basse-Côte-Nord.
Résultat: des centaines d’enfants n’ont pu développer leurs cadeaux de Noël, le 24 ni le 25, comme le veut la tradition. « Des cadeaux confinés dans des entrepôts, faute de transport. La STQ a brisé la magie de Noël de ces enfants qui ne comprennent pas pourquoi le père Noël n’est pas passé cette année. Un manque de communication et d’engagement de la STQ qui est irrespectueux. La STQ a oublié l’importance de la féérie de Noël pour un enfant » critique ouvertement M. Jones qui est également maire de Gros-Mécatina.
3 voyages de moins
Autre problématique liée au bris du bateau, les 44 voyages normalement prévus durant l’année ne pourront être effectués
La STQ indique qu’il sera impossible d’en faire plus que 41.
Du même souffle, la STQ dit comprendre très bien le caractère essentiel de la desserte d’Anticosti et de la Basse-Côte-Nord. Sa priorité absolue demeure le ravitaillement de ces régions avant l’hiver. D’ailleurs, elle a précisé que le service de désenclavement hivernal routier et aérien avait été devancé.
Quant à la demande des élus pour une 2e desserte, la STQ répond: « pour l’instant l’implantation d’un 2e navire n’est pas dans les plans de la société. »
Le porte-parole de la STQ, Bruno Verreault ajoute: « Notre opérateur, le Relais Nordik, a un 2e bateau, le Nordik Express, qui peut venir en renfort, sauf que pour cette fois, il n’était pas opérationnel étant obligé de subir une remise à niveau pour reprendre du service. Ce qui est maintenant fait », mentionne M. Verreault.
Le Nordik Express a assuré la desserte jusqu’en 2013. Sa capacité de chargement est la moitié de celle du NM Bella Desgagnés.
Pour sa part, le Relais Nordik a tenu à souligner que la présente situation est inédite aussi bien pour le Relais Nordik que pour les habitants de l’île d’Anticosti et de la Basse-Côte-Nord.
« Nous demandons à tous les commerçants qui peuvent opter pour le transport terrestre de privilégier cette option pour recevoir leurs commandes et ainsi libérer le maximum de ressources et de capacité pour desservir les villages isolés », de dire Francis Roy, président et directeur général du Relais Nordik.