Un autre appui pour un pont sur le Saguenay

La firme indépendante Groupe performance stratégique du Saguenay-Lac-Jean joint sa voix à celles des élus de la Côte-Nord qui ne cessent de marteler que de nombreux projets créateurs d’emplois seront mis en péril si les gouvernements acceptent le moratoire demandé récemment par des chercheurs universitaires pour protéger les bélugas.

Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local, MaCôteNord.com

« Au lieu d’opposer de précieux projets à l’avenir des bélugas, la construction d’un pont à l’embouchure du Saguenay est, à mon sens, la meilleure voie à suivre pour unir deux régions du Québec, ainsi que nos meilleurs intérêts environnementaux aussi bien qu’économiques », a écrit dans une lettre ouverte le président du Groupe performance stratégique (GPS), Roger Boivin.

Spécialisé dans la recherche et l’analyse économique, le Groupe performance stratégique a compilé de nombreux chiffres pour appuyer ses dires. On y apprend notamment que quelque 200 navires par année sillonnent le Saguenay, soit une diminution de plus de la moitié des années 80 alors qu’on en dénombrait 500 annuellement.

« Nous avons perdu des papeteries, nous ne recevons plus notre pétrole par bateaux et les navires modernes ont un plus fort tonnage », précise M. Boivin. Les prévisions prévoient l’ajout de 500 à 700 navires par an avec la réalisation de plusieurs projets, comme celui de l’usine Vaudreuil qui consiste à une augmentation de sa capacité de 400 000 tonnes par an, pour ne nommer que celui-là.

« La circulation maritime à l’embouchure du Saguenay, incluant nos projets, sera donc de l’ordre de 1800 passages (900 navires) par an, alors que plus ou moins 10 000 autres passages (5000 navires) empruntent annuellement le Saint-Laurent à la hauteur de Tadoussac et que 40 000 passages de traversiers annuels sont recensés à Tadoussac, pour un total d’environ 52 000 passages de grands navires par an ».

Le président de la firme, aussi reconnue pour l’élaboration et mise en œuvre de stratégies de communication, rappelle dans sa lettre que le mois dernier le président et directeur scientifique du GREMM de Tadoussac, Robert Michaud, confirmait explicitement que « les traversiers sont la principale source de bruits sous-marins à l’embouchure du Saguenay ».

« Revendiquée depuis plus de 20 ans, notamment par les intervenants de la Côte-Nord, la construction d’un pont à l’embouchure du Saguenay éliminerait donc la principale source de bruit de la zone sensible, les traversiers », ajoute M. Boivin. Mandatés par le gouvernement pour évaluer les impacts acoustiques de la navigation maritime sur les mammifères marins, les scientifiques de l’Université du Québec en Outaouais et du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins de Tadoussac pressent le gouvernement d’imposer un moratoire sur les projets de développement qui entraîneraient une augmentation du trafic maritime sur le Saguenay, incidemment l’exposition des bélugas aux bruits sous-marins.

Une mesure souhaitée par le groupe de chercheurs dès la première année de leur mandat qui doit se terminer en 2023. Conformément au principe de précaution, nous recommandons la plus grande prudence dans la prise de décisions pour lesquelles des effets écologiques dommageables et irréversibles ne peuvent être exclus, peut-on lire dans le rapport du groupe de chercheurs.

En vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du gouvernement du Québec, le béluga du Saint-Laurent est considéré comme une espèce menacée. Et selon la classification du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, une espèce en voie de disparition.