
Endeuillé par la mort soudaine et mystérieuse de sa conjointe, un Innu d’Uashat-Maliotenam vient à la rescousse des enfants de celle décédée à 39 ans, en mars dernier.
Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local, MaCôteNord.com
Cette histoire est celle d’André Simon. Cet Innu vivait à Maliotenam avec sa conjointe Branda Jérôme dans la maison de cette dernière depuis huit ans.
Cinq enfants, âgés de 12 à 20 ans, demeuraient avec le couple, tous nés d’une ancienne relation de Mme Jérôme.
En mars 2020, la vie de l’homme de 49 va basculer. À son réveil, sa conjointe ressent de fortes douleurs à la poitrine et au bras gauche.
Elle refuse de suivre les conseils de son amoureux qui souhaitait la transporter à l’hôpital. « Ça va passer », lui a-t-elle répondu.
Mme Jérôme préfère se faire couler un bain croyant que la douleur disparaitra, couchée dans l’eau à relaxer.
Brenda Jérôme, 39 ans, ne ressortira pas du bain vivante. Elle est morte probablement d’un infarctus.
« Je m’ennuie d’elle. C’est un grand vide dans ma vie. Je pleure encore souvent son départ », confie André Simon.
Préférant éviter toute chicane de succession, notamment avec le père des enfants, qui refait surface, M. Simon quitte la résidence pour aller s’établir à Pessamit, là où il est né.
Pas un sou, les cinq enfants se retrouvent responsables de prendre soin l’un de l’autre et d’assurer les paiements de la maison qui appartenait à leur mère.
5000$ pour un spectacle-bénéfice
Touchée par le deuil que traverse son père, la grande fille de M. Simon, Peggy Sue, lance l’idée à son paternel d’organiser une campagne de souscription pour venir en aide aux enfants de la défunte.
« C’était ma belle-mère. Une femme sociable, une femme merveilleuse et tellement maternelle », souligne la jeune femme de 26 ans.
« Personne ne s’attendait à un départ précipité dans des circonstances nébuleuses. Un départ trop tôt pour moi, pour mon père, pour ses enfants, pour ses frères et sœurs, pour ses amis et pour les gens de la communauté, nombreux à côtoyer Brenda », a-t-elle ajouté.
Pas moins de 17 artistes innus à travers le Québec ont répondu présents, la semaine dernière, lors du spectacle virtuel présenté sur Facebook.
« Merci pour ces numéros variés. Un spectacle de six heures qui a permis d’amasser plus de 5000$. Les enfants ont pu notamment aller s’acheter de nouveaux habits de neige pour affronter l’hiver qui s’en vient », de dire sourire aux lèvres le beau-père, lui-même musicien à ses heures.
« Ce ne sont pas mes enfants de sang, mais je serai toujours là pour eux. Le bébé, la seule fille du groupe, n’avait que trois ans lorsque je suis arrivé dans la vie de sa mère », livre-t-il, la gorge nouée par l’émotion.
« C’est la première fois que j’organisais un spectacle-bénéfice. Mon père a fait des appels et moi le reste: De l’horaire des artistes aux virements des donateurs. Sérieusement, je ne pensais pas que ça serait aussi magique. »
« Encore une fois, nous avons démontré la grande force des autochtones, l’entraide. Il ne faut pas perdre ça, notre cœur est immense », a lancé Peggy Sue.
J’ai senti Brenda, je l’ai entendu me dire « merci nteinsh » « , a-t-elle mentionné.
Agréablement surpris du résultat de ce spectacle virtuel, M. Simon et sa fille Peggy Sue, ont décidé d’organiser un autre événement du genre pour venir en aide à une famille autochtone qui aurait grandement besoin dans le temps des Fêtes.
La date et la forme que prendra cette nouvelle campagne de financement restent à être déterminées. Les gens intéressés « autochtones ou non peuvent me contacter sur ma page Facebook », dit M. Simon.
Les Simons souhaitent même en faire un genre d’organisme à but non lucratif pour venir en aide aux autochtones les plus démunis.