Un Nord-Côtier prêt à se retrouver en prison pour défier des mesures de la COVID-19

Courtoisie : Kevin Grenier

N’eût été de leurs imposants gabarits et de leurs menaces de s’en prendre physiquement aux agents de sécurité, Kevin et Karl Grenier de Baie-Comeau seraient demeurés devant la porte fermée de la chambre d’hôpital de leur père, hospitalisé d’urgence à Québec. 

Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local, Macotenord.com

« Ça n’a pas de bon sens », lance le colosse de 6’3, 250 livres, encore colérique près d’une semaine après les événements.

« Il aura fallu que je regarde mon frère, mesurant 6’4, 270 livres, enlève mon veston, retrousse mes manches, en lui disant que nous n’avions plus rien à perdre, ce sera la prison, mais pas avant d’avoir vu notre père, pour que les gardiens reculent et nous demandent d’attendre, le temps de faire un téléphone », raconte Kevin lors d’une entrevue accordée à macotenord.com.

Un coup de fil qui soudainement fait démontrer plus d’ouverture de la part de ces mêmes agents de sécurité. « Allez-y 5 minutes et profitez-en car il est 2h du matin et personne ne le saura. Ensuite, ne revenez plus à l’hôpital », aurait alors répondu un agent de sécurité, visiblement pas intéressé à se battre avec les deux armoires à glace, devant lui. 

« Si j’avais mesuré 5′ et 100 livres mouillé, je te garantis que je serais retourné à Baie-Comeau sans avoir vu mon père qui était paniqué. C’est normal, on devait l’opérer à cœur ouvert pour lui installer un pacemaker », rétorque ce père de famille. 

L’homme de 30 ans assure qu’avant de menacer d’en venir aux poings avec les agents de sécurité, il a essayé de négocier à maintes reprises, mais en vain. 

« Une première fois à mon arrivée à l’hôpital de l’Université Laval à Québec après 500 km de route. Je leur ai dit que j’étais parti de Baie-Comeau parce que mon père avait été transféré ici en avion-ambulance et qu’il voulait me voir craignant ne jamais se réveiller sur la table d’opération. »

Deux heures plus tard, une autre tentative, lorsque son frère est arrivé à l’hôpital, lui qui venait de faire le trajet Montréal-Québec en train.

« Je leur ai dit de laisser passer juste mon frère, car ça faisait 4 ans qu’il n’avait pas vu notre père. C’est peut-être la dernière fois qu’il pourra le voir vivant. Encore un non catégorique. »

Celui qui est entrepreneur en émondage à Baie-Comeau a même demandé de parler à un supérieur de l’hôpital. Au bout du fil, il a proposé à cette personne de la direction de payer les « habits blancs, avec casque et mitaines » pour s’assurer de faire une visite en toute sécurité. Un autre refus. 

« Un gardien m’a lui-même avoué qu’il n’était pas d’accord avec ces règles. « Mais si je laisse passer, je peux perdre mon permis pour ne pas avoir suivi la loi », lui aurait-il précisé.

Ce commentaire de l’agent a été fait vers 21h, soit 5 heures avant que les deux baraqués décident de se faire « une place pour  passer à travers les gardiens » et que ces derniers préfèrent déroger aux consignes au lieu d’affronter les frères Grenier, prêts à tout, même un séjour derrière les barreaux. 

Kevin souligne, la gorge serrée, que lui et son frère n’étaient pas les seuls à implorer les agents de sécurité. 

« Il y avait une dame d’environ 65 ans, les deux genoux au plancher, suppliant les gardiens de la laisser passer aller voir son mari qu’elle n’avait pas vu depuis deux semaines et qui était à ses dernières heures. Jamais qu’elle est parvenue  [sic]  à voir son mari qui est probablement mort aujourd’hui. J’étais profondément triste.  Même si je ne la connaissais pas, ça m’a tiré une larme. »

Pas de test de la COVID, pas de médecin à Baie-Comeau

L’histoire des frères Grenier démontre que certaines mesures draconiennes mises de l’avant par le gouvernement pour diminuer les risques de propagation du virus pourraient être revues. 

Une mésaventure qui aurait pu être évitée sans la « mauvaise décision de l’infirmière au triage à l’hôpital de Baie-Comeau. »

C’est que le paternel s’est présenté au Centre hospitalier régional de Baie-Comeau pour de persistantes douleurs aux jambes. 

« L’infirmière lui a immédiatement dit qu’il ne pouvait voir un médecin avant d’avoir été passé un test de la COVID car ce sont des symptômes du virus », se souvient Kevin en faisant référence à la réponse de l’infirmière.

Le père, âgé de 69 ans, se rend donc, sous les recommandations d’une professionnelle de la santé, passer un test de la COVID-19 qui s’avère négatif. 

Sauf, deux jours plus tard, celui qui est mécanicien en machineries lourdes, est mal en point, affaibli. Le sexagénaire ne va pas bien. « Pas du tout. Je n’avais jamais vu mon père aussi faible que ça. Il était blanc comme un drap. »

Le fils oblige alors le père à retourner à l’hôpital rencontrer un médecin maintenant qu’il a en main un résultat d’un test négatif du coronavirus. 

« Le médecin lui a dit qu’il aurait dû venir avant parce que son cœur ne bat plus qu’à 25 à 30 battements par minute. On doit le transférer d’urgence à Québec pour lui mettre un pacemaker, » déplore Kevin, reprochant à l’infirmière d’être trop vite « sautée » à la conclusion de la COVID-19.

Mardi cette semaine, Pierre Grenier est de nouveau sur pied, prêt à revenir à Baie-Comeau se reposer auprès de sa famille. 

Ironie, il a été « placé » dans la même chambre, séparée d’un rideau de plastique avec une seule salle de bain, d’une dame testée positive au coronavirus. M. Grenier doit repasser des tests de la COVID et être mis en quarantaine avant de recevoir son congé de l’hôpital. 

Abasourdi, Kevin Grenier a publié trois vidéos sur sa page Facebook. Dans un langage très coloré, où tous les Saints de l’Église sont énumérés, il dénonce haut et fort les conséquences des mesures sanitaires du gouvernement caquiste. À ce jour, les vidéos avaient été visionnées plus de 250 000 fois.