
Mère monoparentale, touchant l’aide sociale et sans assurance, Mélissa Meunier a besoin d’aide pour offrir des funérailles décentes à son unique fille de 20 ans, déficiente intellectuelle, Audrey, morte subitement samedi matin, à Sept-Îles.
Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme sociale, Macotenord.com
« Je suis sortie de la douche et ma fille était étendue au sol, inconsciente, » soupire-t-elle.
Mme Meunier a immédiatement téléphoné au 911, tout en demeurant calme, question de pouvoir réaliser les manœuvres de réanimation, le temps que les ambulanciers arrivent.
« La dame au téléphone me disait quoi faire et moi je faisais ce qu’elle me disait de faire pour ramener à la vie mon unique enfant », raconte-t-elle, la gorge nouée.
À l’arrivée des ambulanciers, ils ont poursuivi les manœuvres pendant « un bon 20 minutes sur place avant de partir avec elle en ambulance. »
Son décès sera confirmé à l’hôpital. À priori, on parlerait d’une malformation du cœur, mais l’autopsie déterminera les causes et les circonstances exactes de la mort de ce « petit rayon de soleil ».
Avec un maigre chèque d’aide sociale de 692$ par mois pour « survivre », Mélissa Meunier n’a pas un sou pour offrir des obsèques décentes à son unique enfant qui sera incinérée, jeudi cette semaine. Elle doit maintenant trouver l’argent nécessaire pour respecter les dernières volontés de sa fille, déficiente intellectuelle.
Le gouvernement du Québec offre 2500$, ce qui est nettement insuffisant sachant que le prix moyen des funérailles au Québec est 6800$.
Mme Meunier déplore le montant peu élevé accordé par le gouvernement du Québec, par l’intermédiaire de la Régie des rentes, aux familles endeuillées. Encore plus absurde, le montant 2500 $ offert aux proches de personnes décédées par le gouvernement du Québec, non seulement il ne permet pas de couvrir le minimum pour des frais funéraires, mais en plus, cette prestation de décès est imposable et remise uniquement à la réception des factures des funérailles, donc après.
Une campagne de sociofinancement
C’est alors qu’une amie de la famille, Isabelle Desmeules, a décidé de lancer une campagne de sociofinacement qui va très bien, mais dont il manque encore de l’argent pour offrir un dernier au revoir dans la dignité à Audrey.
« Merci à Isabelle et tous mes amis. Je ne pensais pas que j’avais autant de vrais amis. Moi j’aurais été trop gênée pour demander de l’aide aux gens », lance Mme Meunier.
À ce jour, la campagne Gofundme a permis de récolter 3245$. L’objectif est de 6000$.
Le forfait choisi par Mme Meunier est le strict minimum, soit le transport et la préparation du corps, l’achat d’un contenant, la crémation et finalement les règlements.
Si la campagne de sociofinancement sur internet le permet, elle aimerait un minimum de dignité pour sa fille dont elle a pris soin durant toute sa vie, seule, le père étant absent. On parle d’une courte exposition d’une heure avec un célébrant et une urne. « Ce n’est rien d’exagéré, je trouve. »
« Mon bel ange parti trop jeune, tu ne peux savoir comment j’ai le cœur gros et en mille miettes. Je ne peux m’imaginer sans toi, près de moi. Je t’aime à l’infini ma belle grande fille d’amour. Veille sur moi et mamie », a écrit la maman sur sa page Facebook.
Audrey, une jeune déficiente intellectuelle de 20 ans, fonctionnait normalement, même si elle avait l’âge mental d’une petite fille de 9 ans. Elle était grandement appréciée par ses camarades de classe et de ses enseignants, elle qui était inscrite en adaptation scolaire dans le but d’obtenir son diplôme.
Il est possible de contribuer en cliquant ici.
Une famille sur 3
Le cas de Mélissa Meunier n’est pas isolé. Loin de là. Au Québec, il est le reflet d’une triste réalité alors que la Corporation des thanatologues du Québec souligne qu’entre 30 % et 40 % des familles disposent uniquement des 2500 $ offerts par Québec pour payer les frais funéraires de leurs proches.
Pire encore, de nombreux corps non réclamés s’accumulent dans les morgues, car les familles n’ont pas les moyens d’en disposer convenablement.
Mélissa Meunier ne souhaite pas voir le nom d’Audrey dans cette liste.