
Mourir après avoir donné la vie. C’est la triste histoire d’une jeune mère de 27 ans qui a rendu l’âme à la suite de complications médicales après l’accouchement, à l’hôpital de Sept-Îles, il y a une semaine.
Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local, Macotenord.com
Tout a débuté sans problème, le soir du 8 novembre. Shanu Jourdain donne naissance à son bébé de 8,9 livres, en pleine santé. « Une seule poussée et Sharlie Fontaine-Jourdain est née à 23h58, le 8 novembre », lance le père Enrico Fontaine, en entrevue téléphonique avec macotenord.com.
Heureux d’entendre les premiers pleurs du nouveau-né, le papa coupe le cordon ombilical et la maman couche sa petite nouvelle sur elle, appuyait doucement la tête fragile du bébé. Rien d’anormal.
Deux heures plus tard, la maman donnera à boire à sa progéniture en l’allaitant. Encore là, sans anicroche.
C’est en voulant retirer le placenta dans l’utérus que les choses se compliquent. Et rapidement.
« Il est resté collé à l’intérieur et un gynécologue est venu d’urgence pour le retirer. On lui a administré un médicament contre la douleur », raconte le conjoint.
En l’espace de quelques secondes, la maman perd son sourire d’avoir donné naissance pour un visage en souffrance et soudainement, elle perd connaissance.
« Son cœur a cessé de battre pendant 5 minutes. Je vois qu’elle fait des convulsions. Je quitte la salle, paniqué.»
Le médecin ira voir le père quelques minutes ensuite en lui disant qu’ils sont parvenus à la réanimer. « Attendez un peu ici et vous allez pouvoir retourner auprès d’elle », aurait alors dit le médecin.
Les minutes passent, des minutes qui semblent être des heures dans la tête d’Enrico, inquiet.
Une inquiétude qui se concrétise. Shanu a de nouveau perdu conscience.
Le même médecin retourne voir Enrico, des larmes dans ses yeux. « Vous allez devoir venir dire au revoir à votre conjointe. Nous n’avons pas été en mesure de la réanimer une deuxième fois. »
De lourdes paroles prononcées par le médecin qui jettent au sol le papa, qui éclate en sanglots.
« J’ai vraiment mal, pourquoi elle, si jeune et pleine de vie, au moment où tout allait bien, elle nous quitte. Douleur intense et inexplicable. Le pourquoi va me hanter longtemps », confie le papa.
Chose certaine, il était amoureux de son « ange » rencontré il y a deux ans. La mère avait donné naissance au premier bébé du couple, Shaniss, une mignonne petite fille âgée aujourd’hui que de 13 mois. « Nous venions de s’installer dans une nouvelle maison à Maliotenam. Une famille recomposée de sept enfants », souligne l’homme de 33 ans.
« Je l’ai aimé dès le premier jour et j’ai continué de l’aimer jusqu’à son dernier souffle. Je continuerai de l’aimer jusqu’à ce que je ferme les yeux pour aller la retrouver là-haut. »
« Je suis désolé de t’avoir pris beaucoup trop d’énergie à me plaindre. Ton support, ton écoute, ton épaule et tes bras autour de moi vont me manquer énormément. Tu es comme le vent, je ne peux te voir, mais je peux te sentir. »
Enrico était vraiment fier de son amoureuse, qui après avoir connu une enfance difficile marquée par de troublantes histoires signées DPJ, s’était reprise en main, notamment en s’inscrivant au Cégep de Sept-Îles. Bien que ses études n’étaient pas complètement terminées, la direction du cégep lui a remis son diplôme que son conjoint a précieusement mis en vue dans son cercueil.
Dévasté, Enrico s’est adressé au Seigneur: « Tu m’enlèves une personne si précieuse pour moi. Tu me donnes une vie pour m’en prendre une autre. C’est injuste, inacceptable. «
« Je sais que je dois rester fort et ne pas tomber dans l’alcool pour mes enfants. Je trouverai la force pour que nos enfants ne manquent de rien. Et toi, ma chérie, tu me guideras vers cette lumière. »
Des funérailles à la maison

Conscient qu’il devait respecter les mesures sanitaires, Enrico a tenu à ce que Shanu soit exposée dans la maison familiale, en fin de semaine dernière.
« Je sais que si l’exposition avait eu lieu au salon funéraire, j’aurais pu accueillir plus que 10 personnes à la fois, mais je voulais qu’elle dorme près de nous avant son grand départ. »
Par le biais d’une photo, Enrico a parlé à Shanu. « Cette photo de Sharlie, qui fait dodo sur toi, en toi, de vous voir ensemble l’une à travers l’autre, vous regarder n’a aucun mot pour expliquer ce que j’ai ressenti », lance celui qui remercie du fond du cœur tous ceux qui ont fait un don pour l’aider à subvenir aux besoins des enfants, lui qui est en attente de recevoir de l’assurance-emploi.
Notons que cet après-midi, à 13h30, on rendra hommage à Shanu Jourdain à l’auditorium du Cégep de Sept-Îles.