Une nouvelle technologie pour protéger la baleine noire des casiers à crabe des neiges

Une nouvelle technologie a été développée par le centre de recherche Merinov et l’Université du Québec à Rimouski afin de faciliter le désempêtrement des baleines noires dans les casiers à crabe des neiges.

L’innovation présentée jeudi à Grande-Rivière, en Gaspésie, est un prototype de système à double seuil de rupture qui permet à la fois de remonter des casiers à crabe des neiges durant la pêche, tout en se rompant lorsqu’une baleine exerce une pression sur le cordage pour se déprendre.

« C’est un maillon faible à double seuil, c’est-à-dire un système placé entre le casier et le câble vertical, qui relie le casier et la bouée de surface pour permettre lorsqu’une baleine s’emmêle dans le câblage vertical, de se rompre, permettant à la baleine de faciliter sa libération », explique le chercheur industriel et responsable du centre de technologie des pêches, Jérôme Laurent.

La force de tension viendra déterminer s’il s’agit d’une action pour la levée du casier ou l’empêtrement d’une baleine.

« Ce ne sont pas les mêmes niveaux de tension. Le pêcheur va mettre sur le cordage une tension de 2500, 3000 voir 3500 livres de tension sur une période d’une à deux minutes lors de la levée. Une baleine, lorsqu’elle va s’empêtrer, elle va exercer une pression sur plusieurs minutes. Ce qui permet au maillon faible de faire la distinction, c’est vraiment la durée et l’importance de cette tension », explique M. Laurent.

Le seuil de rupture pour les baleines a ainsi été établi à 771 kg (1700 livres) et le seuil pour les casiers de pêche au crabe des neiges à 1588 kg (3500 livres), à la fois selon les données scientifiques disponibles et les mesures prises en mer par les équipes de Merinov à bord des bateaux de pêche.

Tout part d’un pêcheur

L’idée vient d’un pêcheur, le président de l’Association des crabiers gaspésiens, Daniel Desbois, lorsque la problématique de la baleine noire est arrivée en 2017-2018. Merinov a structuré le projet et trouvé le financement. L’UQAR a été approchée pour son expertise en ingénierie et les pêcheurs ont imaginé le cahier de charge.

Cette solution a été imaginée et la conception a été élaborée à compter de 2019 et l’été dernier, une première expérience a été réalisée. Différentes versions de la technologie ont été conçues pour respecter les exigences de la protection des baleines et l’UQAR a développé la solution.

« Les essais ont été faits en laboratoire avec l’Université du Québec à Rimouski avec des cas de figures. Les systèmes ont répondu aux attentes et on a fait un essai en mer. Ce n’était pas en condition de pêche. C’est encourageant, mais le vrai test sera la saison de pêche à venir où le système sera testé en condition réelle », mentionne le chercheur.

Le Marine Mammal Protection Act classe les produits de la pêche exportés vers les États-Unis selon la fréquence des prises accessoires de mammifères marins. Les pays exportateurs doivent démontrer qu’il impose des mesures pour réduire ces prises.

L’enjeu est majeur car le Canada exporte 60 % de ses produits marins vers les États-Unis.

Pêches et Océans Canada a financé une bonne partie du projet et a déterminé les critères et développé le cahier de charge qui seront imposés aux pêcheurs.

« Ultimement, c’est Pêches et Océans qui va approuver le système développé et c’est le rôle du gouvernement canadien de valider avec le gouvernement américain la solution proposée », mentionne M. Laurent qui souligne que le projet aura nécessité un investissement de près de 1 million $.

La commercialisation et la mise en marché seront assurées par trois partenaires d’affaires, dont le pêcheur et acteur clé de ce projet de recherche industrielle, Daniel Desbois.   

Collaboration Nelson Sergerie – magaspésie.ca