Une Septilienne bientôt à la rue car les assureurs ont « peur des incendies »

Une mère de famille monoparentale lance un cri du cœur après de multiples refus pour assurer la maison qu’elle vient d’acheter à Sept-Îles, justifié par une crainte des incendies.

« Je risque de me retrouver à la rue », déplore Camille Bourgoin. Mère d’une petite fille de 4 ans, elle vient de terminer une énième conversation téléphonique avec son courtier en assurances. L’appel n’a rien donné, et c’est encore un refus de la part des assureurs.

« J’ai tout essayé, tous les assureurs qui assurent habituellement les maisons mobiles et même un courtier ». Partout, Camille se fait dire la même chose : on lui refuse tout contrat, par crainte des incendies qui selon les assureurs « menacent la ville de Sept-Îles ».

Quand je les écoute j’ai l’impression que Sept-Îles va passer au feu

Camille Bourgoin

Pourtant le temps presse pour Camille. Le bail de son logement actuel se termine le 30 juin et si personne ne veut assurer sa future maison, elle se retrouvera sans domicile dans un contexte de pénurie de logements. « Je devais signer vendredi pour ma nouvelle maison et mes parents ont fait 12 heures de route pour m’aider à débuter des travaux. Je ne sais plus quoi faire. » 

Camille Bourgoin et sa fille de 4 ans (Photo courtoisie)

Son courtier lui a laissé entendre que la situation pourrait se replacer dans trois ou six mois. Mais d’ici là, que faire ? « Même mon assureur actuel avec qui je fais affaire depuis six ans ne veut rien savoir », se désole Camille.

Les assureurs décrivent des risques imminents

Le Bureau d’Assurance du Canada (BAC), organisation qui représente 90 % des assureurs au pays, confirme que l’état d’urgence à Sept-Îles a rendu les assureurs très frileux. 

À écouter la porte-parole du BAC, Anne Morin, qui ne semble pas surprise de l’histoire qui lui est contée, d’autres Septiliens pourraient se retrouver dans la même situation. « Le contexte n’est pas idéal. Souscrire à une nouvelle assurance quand le feu est à nos portes ou quand il y a des inondations, c’est toujours difficile. Ça rend l’évaluation des risques compliquée pour l’assureur », assume-t-elle. 

Anne Morin justifie le point de vue des assureurs par crainte d’un sinistre. « C’est certain qu’un assureur ne veut pas assurer une maison déjà sinistrée. » Pourtant, la résidence que souhaite acheter Mme Bourgoin n’est même pas dans un secteur de Sept-Îles qui a été évacué dans les derniers jours. Une justification qui ne change pas les décisions des assureurs.

Camille Bourgoin espère qu’un assureur sera prêt à faire un effort. « Je n’ai jamais eu de problème, jamais aucun sinistre, je ne comprend pas tous ces refus. La ville ne va pas brûler demain, contrairement à ce que me disent les assurances. »