Une soirée de paix annulée à Pessamit

Les Innus avaient demandé à une danseuse traditionnelle de venir «purifier» la place avant l’arrivée des invités

Une soirée de paix et d’amitié, visant à créer des ponts entre «Blancs» et autochtones en mémoire de Joyce Echaquan, a été annulée, jeudi soir, à Pessamit, par mesure préventive à la COVID-19.

Stéphane Tremblay, Initiative locale de journalisme, MaCôte-Nord.com

«C’est avec un immense regret et d’une grande tristesse que nous devons annuler cette soirée commémorative. En espérant que nous pourrons nous reprendre bientôt», mentionne l’une des organisatrices de l’événement, Kim Picard.

Rapidement, certains ont vu en cette annulation, demandée à la dernière minute par le Conseil de bande de Pessamit, comme «une belle excuse pour vous faire taire», écrit Chantale Gosselin, en réaction sur Facebook.

Cette dernière dit ne pas comprendre pourquoi il y a des manifestations avec des milliers de personnes dans les rues de Montréal, sans masque et ne respectant aucunement les mesures de la Santé publique, alors que les autochtones, eux, étaient dans leur village et promettaient de respecter toutes les consignes de la distanciation physique.

«Montréal, c’est Montréal. Pessamit est une petite communauté innue où ça ne serait pas long que la COVID ferait une razzia chez nos aînés et personnes vulnérables. Soyez sans crainte, nous allons nous reprendre avec encore une meilleure préparation. Le cœur de l’Innu est doux, mais pas muet, encore moins sourd», lui a répondu Iolande Wapistan.

Une invitation spéciale avait été lancée aux allochtones des municipalités avoisinantes de la Haute-Côte-Nord et de Baie-Comeau. La réponse semblait bien avoir été reçue par plusieurs non autochtones nombreux à avoir réagi sur les médias sociaux exprimant leur déception de l’annulation de la soirée qui devait se tenir sur le site de l’ancien centre de villégiature de Papinachois, à quelque 6 km de Pessamit. Un endroit vaste qui permettait facilement le regroupement de 250 personnes, soit le nombre permis pour un événement extérieur.

Notons que cette soirée avait été mise sur pied par deux autochtones de la communauté de Pessamit de même que par l’organisme Lumière Boréale Calacs de Baie-Comeau.

«Deux Blanches et deux autochtones. Les esprits se sont rencontrés et nous nous sommes téléphoné pour mettre de l’avant cette soirée, car le racisme est une histoire de peuple québécois et non seulement d’autochtones», lance Kim Picard.

Fidèles à leurs coutumes, les Innus avaient demandé à une danseuse traditionnelle de venir «purifier» la place avant l’arrivée des invités.

Les gens étaient également invités à porter du mauve ou du violet, les couleurs préférées de Joyce Echaquan, cette mère de famille de sept enfants, morte auprès de soignants racistes à l’hôpital de Joliette, en septembre. La femme de 37 ans avait filmé les employés qui lui criaient des propos injurieux et racistes d’une grande violence, juste avant de laisser aller son dernier souffle.